Les époux Soolmans, un chef-d’œuvre de Rembrandt

La vie d’un artiste de génie

Né à Leyde en 1606, dans les Pays-Bas actuels, Rembrandt Harmenszoon van Rijn est issu d’une famille d’artisans plutôt aisée et pieuse. Doué dans le domaine artistique, il entre en apprentissage auprès d’un peintre local, puis d’un peintre d’Amsterdam qui lui transmet son art et une culture picturale. Après ces expériences, le jeune homme monte rapidement son atelier dans la ville florissante amstellodamoise. Il s’initie aussi à l’art de la gravure.

Très vite, les commandes affluent de la part des riches bourgeois de la ville ; marchands et corporations de métier veulent un travail signé de celui qui pratique la technique du clair-obscur. Ses œuvres recouvrent plusieurs thématiques : portraits, paysages, scènes religieuses et bibliques… On estime sa production à plus de 400 peintures, plus de 300 gravures et au moins autant de dessins. Il a manié avec grande précision et finesse le burin, la pointe sèche, l’eau-forte et bien évidemment le pinceau.

L’artiste de génie mène une vie mondaine grâce à son épouse Saskia, issue d’une famille de marchands d’art, ce qui lui donne de nouveaux et riches commanditaires. À la mort de celle-ci en 1642, l’artiste s’attire les foudres de l’Église et des mondains, lorsqu’il se met en ménage avec la nourrice de son fils (Saskia et Rembrandt ont eu quatre enfants, dont trois morts prématurément). Il mène alors une vie dispendieuse et dépense des fortunes dans sa collection d’œuvres d’art. Cette boulimie d’œuvres le mène à la ruine, d’autant que les commandes sont de moins en moins nombreuses à cause de sa désormais mauvaise réputation. Il est obligé de vendre la maison qu’il avait achetée avec sa femme, dans le quartier juif d’Amsterdam (actuel musée Rembrandt). Puis en 1669, l’artiste meurt dans le dénuement le plus total.

Un peu oublié après sa mort, le peintre est admiré par un grand nombre d’artistes des XIXe et XXe siècle – dont Delacroix, Turner, Van Gogh et Picasso – pour son travail sur la lumière et sur les émotions. Rembrandt fait partie des plus prestigieux représentants de l’école flamande ou hollandaise qui domina la peinture européenne entre le XVe et le XVIIe siècle.

Les portraits de Maerten Soolmans et d’Oopjen Coppit

Depuis le 21 février 2024, les portraits de Maerten Soolmans et d’Oopjen Coppit, peints pendant la jeunesse du peintre, ont trouvé leur place dans le musée du Louvre pour une durée de cinq ans.

En effet, en vertu d’un accord et d’un achat intergouvernemental franco-hollandais réalisé le 1er février 2016, la France avait acquis le portrait d’Oopjen Coppit, tandis que les Pays-Bas avaient acquis celui de son époux ; les gouvernements avaient conjointement décidé de ne plus séparer les deux époux et de ne les mettre à disposition que de deux musées : après un premier séjour parisien (du 19 septembre 2018 au 30 janvier 2019) suivi de cinq années au Rijksmuseum, les tableaux sont de retour au Louvre.

Les derniers propriétaires sont Pieter van Winter, marchand et collectionneur d’art, puis le baron Gustave de Rothschild (1829-1911) et ses héritiers, à qui les États achetèrent les tableaux avec le mécénat exceptionnel de la Banque de France.

Pourquoi un tel intérêt pour ces peintures ? Ce sont les seuls portraits en pied grandeur nature de deux modèles figurés debout (hauteur de 2,1 mètres pour une largeur de 1,33 mètre ou 1,35 mètre) que Rembrandt a réalisés. Cette commande a été effectuée en 1634 pour un jeune couple ; elle dévoile la maîtrise du peintre qui a utilisé une palette de couleurs très restreinte, principalement autour du blanc et du noir. Les deux personnages semblent entretenir un dialogue, le jeune époux accueillant et désignant celle qu’il vient de prendre pour épouse, une riche héritière d’Amsterdam. Même avec peu de couleurs, le peintre a réussi à montrer l’opulence et la position sociale du couple. Le noir est une teinture très coûteuse ; de plus, l’épouse Oopjen porte des bagues serties de diamants, tandis que le mari Maerten porte des habits luxueux avec rosettes aux chaussures et bas gaufrés.

Des monnaies exclusives à ne pas manquer

En 2024, les portraits des époux figureront sur différentes monnaies de collection gravées par la France. L’institution monétaire poursuit ainsi la série « Chefs-d’œuvre des musées » lancée en 2017 avec Claude Monet et Le Déjeuner sur l’herbe, l’objectif étant de mettre à l’honneur des œuvres et des artistes extraordinaires (« Quand l’art rencontre l’art », selon Joaquin Jimenez, graveur général de la Monnaie de Paris). Particularité de la série : la forme rectangulaire choisie pour rendre hommage à ces célèbres peintures.

Le revers commun à toutes les monnaies de la série sera un mélange de vues des grands musées parisiens où résident la majorité de ces œuvres : vue intérieure du musée d’Orsay, vue de la façade du Louvre et fresque symbolisant le musée Picasso, vue de la façade du musée Rodin et escalier symbolisant le centre Pompidou.

Comme les années précédentes, la monnaie se déclinera sous la forme de trois valeurs faciales (10 euro, 50 euro et 250 euro), de deux métaux précieux (or et argent ; titre de 999/1 000e) et de deux versions colorisées (10 et 250 euro). Les frappes seront extrêmement limitées avec un maximum de 3 000 exemplaires pour la 10 euro et un minimum de 250 frappes pour la 250 euro. 

L’histoire des portraits d’Oopjen Coppit et Maerten Soolmans réalisés par Rembrandt est passionnante. Ces magnifiques peintures peuvent agréablement compléter votre série de monnaies si vous avez commencé celle-ci, ou vous permettre d’acquérir à moindres frais une œuvre du maître hollandais.

La série « Chefs-d’œuvre des musées »

Entre 2017 et 2023, 15 chefs-d’œuvre et artistes ont déjà été mis en avant sur les monnaies de collection. La série commence par Le Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet et la Vénus de Milo. L’année suivante, en 2018, Auguste Renoir est mis à l’honneur avec son œuvre Bal du moulin de la Galette, tout comme Auguste Rodin avec Le Baiser. La Joconde de Léonard de Vinci, La Grande Vague de Kanagawa d’Hokusai, La Jeune Fille à la perle de Jan Vermeer et La Persistance de la mémoire de Salvador Dalí figurent aussi parmi cette prestigieuse sélection.