Le graveur Raymond Joly

Éléments biographiques
Né le 4 février 1911 à Paris dans le quartier de Montmartre, dans une famille modeste où il est le plus jeune des quatre enfants, le jeune Raymond est très vite attiré par le dessin dans un pays subissant la Première Guerre mondiale. 
Après l’école communale parisienne où on lui découvre une anémie, il est envoyé à la campagne. Il obtient son certificat d’études puis entre, en 1926, comme apprenti ciseleur en bronze à l’école de la Chambre de commerce. 
Il enchaine avec l’apprentissage de ciseleur orfèvre. Embauché dans un atelier, en 1929, il apprend la gravure en creux auprès du contremaître tout en continuant à engranger les savoirs en suivant les cours des Arts Appliqués.
Lors de son service militaire, il est dessinateur affichiste aux Invalides. À son retour en 1933, il retourne à l’atelier qui l’employait précédemment mais son mentor est parti pour devenir enseignant. En 1939, il entre en tant que graveur à l’Administration des Monnaies et Médailles (ancêtre de la Monnaie de Paris).
C’est presque par hasard qu’il devient Grand Prix de Rome de gravure en médaille, en 1942, prix qui lui permet de partir pour la villa Médicis, à Rome, et de rencontrer d’autres brillants artistes. De retour à Paris en 1946, ce « touche-à-tout » voit les commandes affluer : médailles, vases en céramique, sculptures ou encore vitraux. 
Connu pour être un vrai technicien des métiers du métal, spécialiste de la taille directe et des médailles fondues, il héritera de 2 surnoms : « prince charmant » donné par le directeur de la Monnaie et « tailleur de fer » donné par ses amis. 
Graveur général de l’institution monétaire durant 16 ans (de 1958 à 1974), il s’applique à moderniser les techniques pratiquées dans les ateliers et sera fier d’être chargé de la mise en place des nouvelles monnaies du « nouveau franc ». Toutes les monnaies frappées sous son autorité portent son différent, la chouette.
Parti à la retraite en 1974, Raymond Joly continue cependant à produire des médailles, des sculptures et des peintures que son poste important ne lui permettait pas de réaliser par manque de temps. Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre National du Mérite, Officier des Arts et des Lettres, il décède, le 18 juin 2006, à l’âge vénérable de 95 ans.

Ses oeuvres
Bien qu’il ait dirigé l’atelier de frappe des monnaies françaises pendant de nombreuses années, aucune monnaie de frappe courante n’est signée de sa main. En effet, il est arrivé pendant la transition vers les nouveaux francs. Les modèles alors choisis pour figurer sur les monnaies françaises furent une réutilisation des gravures d’un franc fort, celui de Oscar Roty (sur les ½ franc, 1 et 5 francs puis sur les 2 francs plus tardivement). Pour trouver des monnaies françaises signées Joly, il faut se pencher sur les épreuves et les essais. 
Il grava des monnaies pour des territoires français de l’Outre-Mer avec des francs des « Territoire français des Afars et des Issas », actuellement Djibouti (50 et 100 francs en circulation entre 1970 et 1975), des Nouvelles-Hébrides (monnaies en circulation jusqu’à l’indépendance sous le nom de Vanuatu), de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie avec des monnaies qui perdurent ou ont perduré pendant 3 décennies.
Il grava également de nombreuses monnaies destinées à l’étranger : pour le Brésil (les 1, 20 et 300 cruzeiros du 150e anniversaire de l’indépendance, en 1972), pour Djibouti indépendant (50 et 100 francs frappées entre 1977 et 2017), pour le Gabon (monnaie commémorative de la visite présidentielle de Pompidou), pour le Mali (monnaies pour la FAO entre 1975 et 1977), pour le Maroc (1 dirham Hassan II), pour Monaco (5 francs Rainier III frappée entre 1971 et 1995) et pour l’union monétaire de l’Afrique de l’Ouest (50, 100, 200, 500 francs et une 5000 francs non circulante).
Outre les monnaies, Joly exprima son talent dans la création de plus 500 médailles, que ce soit des portraits (le comédien Michel Simon, Richelieu, Mozart…), des célébrations anniversaires (rattachement de la Savoie à la France en 1960), des demandes institutionnelles, du religieux ou des idées propres à l’auteur. Raymond Joly laisse derrière lui une oeuvre considérable. Si vous ne pouvez pas vous permettre d’acheter des essais ou des épreuves d’artiste en métal précieux, vous pouvez vous tourner vers les monnaies étrangères ou les médailles à des prix tout à fait corrects. 
Pour mieux connaître l’artiste, n’hésitez pas à vous rendre à son musée, à Ponchon dans l’Oise.