La 100 francs Fraternité de 1988

Le modèle d’origine

À la chute de Louis-Philippe se met en place la Deuxième République. Dans un premier temps, pris de court, le gouvernement émet des monnaies reprenant les motifs de la Première République. Rapidement, un concours monétaire pour toutes les monnaies de cuivre, argent et or est organisé. Les prescriptions sont peu contraignantes : une allégorie de la République (« une République à visage humain ») à l’avers, avec un encadrement de feuille de chêne et d’olivier, tandis qu’au revers doivent figurer la valeur et le millésime.

Parmi les 31 artistes participants figure Jacques-Jean Barre (1792-1855), qui fut graveur général du 1er janvier 1843 jusqu’à sa mort, c’est-à-dire sous la monarchie de Juillet, la Deuxième République et le Second Empire ! Barre proposa lors de ce concours un projet de 20 francs or, deux de cinq francs argent et un de 10 centimes en bronze. Aucune de ces propositions ne remporte le concours (gagné par Louis Merley pour l’or et Eugène-André Oudiné pour l’argent). Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte, en tant que président (premier président français élu au suffrage universel masculin), puis empereur, pour que des monnaies signées Barre soient mises en circulation. Les projets de Jacques-Jean Barre pour cette épreuve de concours sont réalisés dans différents métaux, du plus simple au plus prestigieux : en étain, en cuivre, en cuivre plaqué argent, en cuivre plaqué or, en argent et de rarissimes exemplaires en or. Il existe aussi des clichés unifaces de l’avers et du revers.

La 100 francs 1988

La 100 francs argent est, depuis l’introduction du « nouveau franc », la plus grosse valeur faciale. Réintroduite en 1982, cette valeur faciale met d’abord en avant le Panthéon (série disparue avec la fin du franc en 2001). À partir de 1984, elle sert de support à des commémorations.

En 1988, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française, une 100 francs argent est frappée à 4,849 millions d’exemplaires. Cette volonté de commémorer la Révolution a débuté avec la 100 francs « Statue de la Liberté » de 1986, célébrant le bicentenaire de la révolution américaine ayant, entre autres, entraîné celle en France, et se termine avec la 100 francs « Droits de l’Homme » de 1989.

La 100 francs « Fraternité » reprend intégralement la cinq francs de 1848 de Jacques-Jean Barre. D’ailleurs, l’Atelier de gravure des monnaies et médailles, alors dirigé par Émile Rousseau (graveur général de 1974 à 1994), signale sur l’avers qu’il s’agit d’une reprise de gravure avec la mention, sous le buste, de « D’AP. BARRE » (c’est-à-dire, d’après Barre). C’était sans doute l’occasion pour l’atelier parisien de rendre hommage à l’un de ses plus prestigieux graveurs et directeurs en reprenant une de ses œuvres « inachevée ». Le revers est une création originale du dessinateur Michel Durand-Mégret, qui figure sur les pièces commémoratives de 100 francs émises entre 1986 et 1989. Il se compose d’un arbre de la liberté, dont les branches sont formées par la devise républicaine, inscrite sur trois lignes et surmontée d’un bonnet phrygien. Les points sur les « i » des mots « liberté », « égalité » et « fraternité » sont des cocardes tricolores. La valeur faciale est inscrite dans un bandeau situé à mi-tronc, tandis que la date et les différents sont scindés en deux à la base du tronc.

Collectionner la 100 francs Fraternité est assez simple dans la version courante (si on ne cherche pas une pièce parfaite) en argent et en or (souvent vendue au poids). Cependant, il faut s’armer de patience et être prêt à investir de manière conséquente pour acquérir les versions piéfort (un type de monnaie d’une épaisseur plus conséquente, non circulante et servant parfois de prototype).