Aviation et Histoire : le Curtiss P-40 Warhawk

La Monnaie de Paris poursuit son hommage aux avions de légende à travers sa série « Aviation et Histoire » par l’émission d’une monnaie de collection consacrée en 2023 au Curtiss P-40. Conçu avant la Seconde Guerre mondiale, ce chasseur-intercepteur américain a été utilisé jusqu’en 1943 par les Alliés sur tous les fronts contre les forces de l’Axe.

Conception de l’avion

En 1937, l’ingénieur en chef de la firme Curtiss, Donovan Berlin, décide de modifier le modèle P-36 Hawk qu’il a lui-même conçu en 1935. Il lui adjoint un moteur en ligne, le Allison V-710, d’une puissance équivalente à celui du P-36 qui disposait d’un moteur en étoile. Ce nouveau moteur lui permet par une traînée moindre d’atteindre une vitesse de pointe plus élevée que son prédécesseur. Curtiss commande plusieurs exemplaires de l’appareil en juillet 1937, sous le nom de
XP-40. Le prototype vole pour la première fois le 14 octobre 1938 dans le ciel de Buffalo, dans l’ouest de l’État de New York. Malgré sa sous-motorisation limitant ses capacités en altitude, il est préféré à ses concurrents par l’United States Army Air Corps (USAAC) pour son coût, sa robustesse et la facilité de sa maintenance. Au total, 524 exemplaires du P-40 sont commandés en avril 1939 pour moderniser la flotte.

L’engagement dans la Seconde Guerre mondiale

Construit à 13 368 exemplaires, le Curtiss P-40 Warhawk et ses variantes est le troisième chasseur des États-Unis par son nombre. Lors de l’attaque japonaise de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, sept P-40
réussissent à décoller et à abattre cinq avions ennemis. Cet appareil est essentiellement
utilisé par les Américains dans le Pacifique contre les Japonais. Il équipe entre 1941 et 1942 la fameuse escadrille de volontaires américains des Tigres volants basée en Chine. Le P-40 sert honorablement l’USAAC jusqu’en 1944 et l’arrivée de chasseurs plus performants, comme le P-51 Mustang. Après son remplacement, le Warhawk sert à l’entraînement des pilotes américains jusqu’à la fin du conflit.

Le P-40 dans les unités alliées

La Royal Air Force britannique reçoit ses premiers avions en septembre 1940, sous l’appellation Tomahawk. Pour répondre à l’urgence de la bataille d’Angleterre, le P-40 est intégré aux unités de combat, mais n’est jamais engagé contre la Luftwaffe. La
menace écartée, les Britanniques l’utilisent aussi comme avion d’entraînement avancé pour leurs pilotes.
La Royal Air Force commande de nouveaux exemplaires du Tomahawk pour équiper ses escadrilles en 1941. Ces avions s’illustrent essentiellement sur le théâtre méditerranéen au sein de la Desert Air Force, où ils se mesurent aux avions italiens Fiat G.50 et Macchi MC 200 et 202, ainsi qu’aux redoutables Messerschmitt Bf 109 allemands. Le P-40 est utilisé par d’autres nations du Commonwealth : l’Australie, qui envoie deux escadrons en Afrique du Nord pour épauler les Britanniques de la Desert Air Force, le Canada, qui équipe 16 escadrons, et la Nouvelle-Zélande. Les pilotes néo-zélandais se distinguent dans le Pacifique contre les mythiques Zeros japonais, avec 100 victoires revendiquées pour 20 pertes. Après l’entrée en guerre de l’Union soviétique en juin 1941, 2 097 avions sont livrés dans le cadre du programme Prêt-Bail de mars 1941, voté par le Congrès américain pour fournir aux pays amis du matériel de guerre. Les premiers exemplaires arrivent en Russie en septembre 1941 et équipent l’Armée rouge jusqu’en 1943.

Les P-40 dans les forces aériennes françaises

En 1939, face à un conflit qui s’avère inéluctable, le gouvernement français commande 230 exemplaires du P-40 pour compléter sa flotte de Curtiss P-36. Or, à la signature de l’armistice de juin 1940, ces avions ne sont toujours pas livrés. Ils sont alors reversés à la Royal Air Force, qui doit les adapter aux
unités de mesure britanniques. En décembre 1942, les Américains livrent des chasseurs P-40F à la France combattante du général de Gaulle. Au total, 40 appareils équipent le Groupe de chasse II/5 Lafayette, basé à Casablanca au Maroc, dont les P-36 ont été détruits lors du débarquement anglo-américain de novembre 1942 en Afrique du Nord. Le P-40 est utilisé au Maghreb et en Méditerranée par les Forces aériennes françaises libres jusqu’en avril 1944, lorsque le Republic P-47D Thunderbolt le remplace.