William Shakespeare, un dramaturge légendaire

De l’ombre…

Dans un joli petit village anglais du nom de Stratford-upon-Avon naît William Shakespeare vers le 23 avril 1564. Les archives mentionnent avec certitude son baptême au 26 avril 1564. De sa petite enfance jusqu’à sa majorité, nous ne savons que peu de choses. William a la chance de naître dans une famille plutôt aisée possédant une grande maison. Son père, John Shakespeare est membre du conseil municipal, ce qui impose de fait un certain statut ; statut d’autant plus important qu’il possède un commerce florissant de gantier-maroquinier. Sa mère, Mary Arden, est issue d’une famille de grands propriétaires terriens, dont les origines remontent à la conquête de l’Angleterre par les Normands en 1066.

Il est possible que William ait été scolarisé non loin de sa maison au King New School, une école de grammaire située à 400 mètres de sa maison. Cette information est admise par beaucoup de biographes, bien que le nom de Shakespeare n’apparaisse pas dans les registres de l’école. Ce qui est certain, c’est que William a suivi une formation solide à la lecture et l’écriture et qu’il avait des prédispositions naturelles à mémoriser les choses. Alors qu’il n’a que 18 ans, il épouse à la hâte Anne Hathaway, 26 ans, fille d’un propriétaire terrien. Bien que cette union soit scandaleuse pour l’époque à cause de la différence d’âge, ce mariage en hâte s’explique par le fait qu’Anne est enceinte de trois mois. En 1583, la petite Susanna voit le jour, puis des jumeaux naissent en 1585 : Hamnet et Judith.

Fait curieux, William Shakespeare n’est plus mentionné dans les archives, et cela pendant sept ans. Certains biographes l’imaginent professeur à la campagne, d’autres comme braconnier fuyant la justice seigneuriale, et enfin d’autres comme valet d’écurie pour un théâtre londonien.

On ne sait pas bien quand William arrive à Londres, ni dans quel but. Il a certainement commencé très tôt à écrire et à jouer au théâtre, puisqu’un dramaturge réputé du nom de Robert Greene le critique dans un pamphlet en 1592. Dès cette année-là, Shakespeare accède à la célébrité.

… à la lumière !

William est acteur dans la troupe du Lord Chambellan. En 1599, il s’associe avec d’autres comédiens de la compagnie pour construire leur propre théâtre ; ils le font bâtir dans le quartier de Southwark à Londres, au sud de la Tamise. Ce théâtre est baptisé « le Globe ». Sur le fronton, on pouvait y lire : « Totus mundus agit histrionem », c’est-à-dire « le monde entier est un théâtre ». Le bâtiment est rond, construit comme une arène antique : il est à ciel ouvert, sur plusieurs niveaux. On y donne toutes sortes de spectacles, des combats d’ours ou de coqs, en passant par la boxe et par les pièces de théâtre. C’est une vraie cour de miracles où bourgeois se mêlent aux bas-fonds de la capitale londonienne. Le théâtre est en ébullition du matin au soir, et les comédiens, tous des hommes à l’époque, jouent jusqu’à six pièces par semaine devant un public de près de mille spectateurs. Malheureusement, le 29 juin 1613, un canon utilisé pour un spectacle met le feu au toit de chaume ; en quelques minutes, le théâtre disparaît dans les flammes. Il a été reconstruit en 1996 au même endroit et peut encore être visité aujourd’hui.

Grâce aux archives, nous savons que William jouait souvent les rôles principaux dans ses œuvres. Au fil du temps, il abandonne sa carrière d’acteur pour se consacrer entièrement à l’écriture. Sa troupe est constituée d’autres grandes figures de la scène de l’époque, tels que Richard Burbage, qui incarnait alors Hamlet ou encore Othello, ou William Kempe, qui jouait plutôt dans des pièces comiques.

Dès 1594, le nom de Shakespeare apparaît de plus en plus dans les livres, et ses œuvres sont publiées à son nom à partir de 1598. Malheureusement, à la mort de la reine Élisabeth Ire, le 24 mars 1603, les théâtres sont interdits. Il faut attendre le couronnement du roi Jacques Ier, le 25 juillet 1603, pour que Shakespeare et sa troupe puissent à nouveau jouer. Ils deviennent de plus en plus populaires, au point de se faire remarquer par le roi qui, consécration du temps, fait d’eux sa troupe officielle : ils changent alors de nom pour devenir les « King’s Men », la troupe du roi ! On sait que six ou sept œuvres de Shakespeare ont été jouées à la cour. Sa fortune est faite : il achète un autre théâtre, le Blackfriars Theatre.

Contrairement à l’idée reçue, Shakespeare a écrit plus de comédies (16 œuvres, dont Le Songe d’une nuit d’été ou La Nuit des rois) que de tragédies (12 œuvres, dont Roméo et Juliette, Hamlet et Macbeth). Il est aussi connu pour ses œuvres historiques, telles que Richard II, Henry V et Richard III.

William Shakespeare retourne régulièrement à Stratford auprès des siens. En 1610, une épidémie de peste bubonique frappe Londres, et William ne s’y rend désormais que pour affaires. En mars 1616, il fait rédiger un testament dans lequel il se dit « en parfaite santé ». Cependant, le 23 avril 1616, alors qu’il est âgé de 52 ans, Shakespeare s’éteint chez lui sans que l’on ne sache vraiment pourquoi ; âge respectable pour une époque où les hommes mourraient en moyenne à 47 ans. Une source tardive indique qu’il serait mort à la suite d’un banquet trop arrosé.

Bien qu’ayant perdu son fils en 1596, sa femme et ses deux filles lui survivent : Susanna se marie à un médecin, tandis que Judith épouse un marchand de vin. Il n’existe que deux portraits connus de Shakespeare, mais ceux-ci font débat chez les historiens. Le Barde est inhumé en l’église de Stratford-upon-Avon auprès de ses proches. Sur la tombe, on peut lire l’épitaphe suivante :

Mon ami, pour l’amour du sauveur, abstiens-toi

De creuser la poussière déposée sur moi.

Béni soit l’homme qui épargnera ces pierres

Mais maudit soit celui violant mon ossuaire.

Encore aujourd’hui, bien que beaucoup d’éléments sur la vie de Shakespeare, sa sexualité et sa religion nous sont inconnus faute d’archives, de nombreuses biographies sont écrites à son sujet. Bien plus qu’un auteur de renom, William Shakespeare a bouleversé son époque et les siècles à venir ! Avec 39 œuvres majeurs et 154 sonnets, il est l’auteur de langue anglaise le plus cité au monde. À une époque où les écrits sont en latin, il fixe les règles de la langue : il va écrire en anglais, la langue du peuple, en utilisant plus de 7 000 mots différents. Ses œuvres vont fixer dans le langage commun près de 3 000 mots nouveaux pour une œuvre totale composée de 884 429 mots.