La 100 Francs Liberté

Une idée française

Tous les Français savent que la statue de la Liberté est un don de la France pour célébrer le 100^e anniversaire de la déclaration d’indépendance des États-Unis de 1776, et que son créateur n’est autre que Frédéric-Auguste Bartholdi (1804-1894). Mais c’est le juriste Edouard de Laboulaye, un libéral républicain, américanophile et abolitionniste,  qui en est à l’origine. Il souhaitait offrir au peuple américain un cadeau
pour le centenaire de la Déclaration d’Indépendance qui avait servi de modèle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Le projet ne se concrétisa véritablement qu’à la fin des années 1860. Laboulaye chargea son ami Bartholdi d’imaginer une sculpture monumentale. Le sculpteur se mit à la tâche vers 1870 et façonna les premières ébauches en terre cuite de La Liberté éclairant le monde.

Une œuvre franco-américaine

Bartholdi se rendit l’année suivante aux États-Unis pour trouver un site approprié à son œuvre. Il le trouva dans la baie de New York à Beldloe’s Island. Il persuada la bonne société américaine de la noblesse de son projet, ce qui conduisit à un accord sur sa construction. Les États-Unis se chargeront du socle de la statue, tandis que la France l’érigera. Bartholdi confia à l’ingénieur Gustave Eiffel en 1879 l’armature interne de la statue. Celle-ci fut assemblée à Paris près du parc Monceau entre 1881 et 1884, où elle attirait de nombreux curieux. Son démontage débuta en février 1886 puis on l’achemina en kit vers Rouen pour traverser l’Atlantique par bateau. Le convoi arriva dans le port de New York en juin 1886. Le colosse est immédiatement remonté sur son socle qui attendait sa venue depuis deux ans.

La statue de la Liberté a été reconnue à son époque comme un tour de force technique avec l’utilisation d’un mur-rideau pour cadrer les 300 plaques de cuivre de sa surface et son ossature interne. Ses dimensions sont impressionnantes : d’un poids de 225 tonnes, elle s’élève à 46 mètres de hauteur sans son piédestal de béton et de granite, 92 mètres si on l’inclut.

L’assemblage de la statue est achevé le 22 août 1886 et son inauguration a lieu en grande pompe deux mois plus tard, le 28 octobre, en présence du président des États-Unis Grover Cleveland.

Un symbole américain et républicain

La statue célèbre l’idéal universaliste et républicain de Liberté commun aux deux pays. Bartholdi s’inspira surtout de l’allégorie romaine de la Liberté pour son œuvre. La Liberté éclairant le monde est drapée d’une stola, le vêtement des femmes mariées dans la Rome antique, et coiffée d’une couronne radiée à sept pointes reprise de l’allégorie de la Liberté du Grand Sceau de France. Elle brandit un flambeau et tient de la main gauche la Déclaration d’indépendance de 1776. Dès son inauguration, Lady Liberty est devenue un symbole absolu des États-Unis et du rêve américain. Elle accueillit durant des décennies les immigrants arrivant en Amérique après une longue traversée de l’Atlantique.

Les célébrations du centenaire à New York

Les 3 et 6 juillet 1986, les autorités américaines organisèrent des festivités grandioses marquant le centenaire de l’inauguration de la Statue. L’événement fut aussi l’occasion de raviver l’amitié franco-américaine. Le 3 juillet au soir, le président des États-Unis Ronald Reagan accueillit chaleureusement son homologue français François Mitterrand à Governors Island, non loin de la Statue. Le show se poursuivit le lendemain, Jour de l’Indépendance, par une parade navale de voiliers et bâtiments de guerre dans la baie de New York et se conclut par un énorme feu d’artifice. Le troisième jour fut celui de la réouverture de Miss Liberty par Nancy Reagan après deux ans de rénovation.

Pour commémorer ces cérémonies, l’US Mint frappa le Statue of Liberty Silver Dollar, une pièce en argent de 1$ titrant à 900 ‰ représentant à l’avers la statue de la Liberté et le bâtiment principal d’Ellis Island qui accueillait jadis les migrants, et au revers, la torche de la statue avec des vers de la poétesse Emma Lazarus (1849-1887) qui exaltait l’édifice dans son oeuvre The New Colossus.

La 100 Francs liberté

De l’autre côté de l’Atlantique, la France ne fut pas en reste et frappa une pièce commémorative de 100 Francs en argent à plus de 4 millions d’exemplaires que l’on doit au dessinateur et graveur Michel Durand-Mégret. Comme toutes les pièces commémoratives de 100 Francs, elle est encore extrêmement prisée des collectionneurs.

L’avers représente la Statue de la Liberté surmontée d’un vol de 11 oiseaux tandis que le revers porte la devise républicaine française avec un arbre coiffé d’un bonnet phrygien, un autre symbole de la liberté durant la Révolution française, repris de l’Antiquité. La 100 Francs liberté fut aussi déclinée en version Or et Platine, en qualité Belle Épreuve.