La Ford Motor Company, un géant de l’automobile

Le 16 juin marque le centenaire de la compagnie américaine la plus célèbre au monde depuis sa création : la Ford Motor Company. Son fondateur, Henry Ford, est l’exemple parfait du « rêve américain ». En plus d’être le constructeur automobile ayant vendu le plus de voitures au monde, la Ford Motor Company a totalement bouleversé le monde de l’entreprise et du capitalisme avec sa doctrine mise en place par Henry Ford lui-même : le « fordisme ».

Henry Ford naît le 30 juillet 1863 à Dearborn, en banlieue de Détroit, dans l’État du Michigan, d’un père irlandais et d’une mère d’origine belge. Peu porté sur les études, Henry ne brille pas et sait à peine lire et écrire lorsqu’il quitte les bancs de l’école à 15 ans. Depuis l’âge de 12 ans, il est passionné de mécanique grâce à son père qui, un jour, lui offre une montre. Ses talents d’horloger amateur deviennent connus dans tout le quartier, et le jeune Henry s’amuse à réparer toutes les montres qu’on lui tend. À 16 ans, il part pour Détroit et devient ouvrier dans une usine d’acier. Avec son salaire médiocre de 2,5 dollars par jour, il est obligé de travailler comme horloger le soir afin de boucler ses fins de mois. Après avoir fondé une entreprise de réparation de moteurs, Henry devient ingénieur, ce qui lui laisse du temps et de l’argent pour
travailler sur un projet de moteur à essence – qu’il bricole sur sa table de cuisine. Son prototype de véhicule, nommé le « Ford quadricycle », est présenté à Thomas Edison, qui l’encourage à persévérer. Henry quitte alors son emploi et fonde la Detroit Automobil Company, qui est rapidement dissoute, puis fonde la Henry Ford Company. Il fabrique en 1901 le modèle 999, avec lequel il gagne une course renommée ; son nom est désormais sur toutes les lèvres d’Amérique. Après un désaccord avec les actionnaires, Henry quitte la compagnie et fonde avec un ancien collègue ingénieur la Ford & Malcomson Ltd. En 1903, le premier modèle sort d’usine, la Ford A, une petite berline coûtant 750 dollars. Afin d’augmenter la production, Ford et Malcomson ont besoin de capitaux. Ils proposent aux frères Dodge d’entrer au capital de l’entreprise. Mais Ford se retrouve rapidement dans l’impossibilité de rembourser les Dodge, car peu de voitures ont été vendues. Les deux ingénieurs se tournent alors vers la banque Gray, qui émet toutefois une condition : devenir présidente de la société.
Le 16 juin 1903, la Ford & Malcomson Ltd devient la Ford Motor Company.

Le génie américain ou la Ford T

De 1904 à 1906, Henry Ford fait la promotion de son modèle 999 en participant à de nombreuses courses, qu’il remporte pour la plupart. Que ce soit sur les lacs gelés du
Maryland ou sur les circuits cubains, le modèle 999 surpasse ses concurrents. Sous la pression de Malcomson, l’entreprise se met à produire des modèles de luxe. Bien que Ford ne soit pas emballé, les profits sont au rendez-vous et, en 1907, l’entreprise gagne son premier million de dollars. Henry Ford
devient le président de l’entreprise en 1906 et décide que le prochain modèle sera pour le peuple. C’est une idée que Ford a depuis longtemps : les voitures ne doivent pas être l’apanage des riches. Ainsi, Henry Ford bouleverse totalement le monde de l’industrie et met en place, grâce au retour des ouvriers et des ingénieurs, la chaîne de montage. Les employés ne tourneront plus autour du châssis de la voiture, mais c’est bien le travail qui viendra à eux. Henry Ford met au point son modèle Ford T. Une voiture de qualité, facile à manœuvrer et à un prix abordable. Le premier modèle de Ford T sort d’une usine du Michigan en 1908. Quand auparavant il fallait 12 heures pour monter une voiture, avec la chaîne de montage il ne faut plus que 1 h 30 de travail. En 1909, une Ford T vaut 800 dollars, tandis qu’en 1927, le modèle ne vaut plus que 240 dollars. Lorsque la fabrication de Ford T cesse en 1927, la Ford Motor Company a vendu 15 millions d’exemplaires. Ce record ne sera battu que quarante-cinq ans plus tard. Le fordisme a totalement bouleversé le marché des produits manufacturés.

Le fordisme, nouveau pilier de la puissance américaine

La Ford Motor Company doit son succès à la doctrine économique dite du « fordisme ». Il s’agit d’une pensée simple, mais totalement novatrice pour l’époque. Le premier principe consiste à diviser le travail à la fois verticalement, en séparant la conception de la production, mais aussi horizontalement, en séparant les tâches et la mise en place des lignes de montage. Le second principe repose sur la standardisation des pièces : elles doivent être usinées à l’identique dans un but d’interchangeabilité. Enfin, le dernier principe est de faire de l’ouvrier un consom-
mateur. Ford paye ses ouvriers 5 dollars par jour, alors qu’il est alors d’usage de les payer entre 2 et 3 dollars. Ainsi, le niveau de vie des
ouvriers augmente, et ils peuvent eux-mêmes devenir clients de Ford. Ces trois principes permettent à l’entreprise d’accroître considérablement sa production. Le fordisme devient la norme pour de nombreuses entreprises dans le monde, entraînant l’augmentation de la production et de la productivité, mais aussi une baisse du coût de production. Il ouvre la voie à la consommation de masse.

Succession et pérennité de Ford

Henry Ford reste à la tête de l’entreprise jusqu’en 1945. Il dirigeait conjointement avec son fils Edsel Ford, mais celui-ci meurt d’un cancer en 1943. Il laisse les rênes à son petit-fils Henry Ford II. Bien que pendant la Seconde Guerre mondiale, l’entreprise croule sous les commandes de l’armée américaine et des Russes, l’entreprise s’essouffle après la guerre, car les modèles civils sont vieux et démodés. Dès les années 1950, l’entreprise met de nouveau en vente des actions afin de faire rentrer du capital. La Ford Motor Company continue de construire des modèles pour le peuple, mais se lance aussi dans les voitures sportives, tout comme l’avait fait Henry Ford à ses débuts. Le véritable rebond s’opère en 1964 avec la sortie de la mythique Ford Mustang, un véritable bijou de mécanique. La compagnie mise désormais sur l’international et des usines ouvrent dans les années 1960 en Europe, en Asie et en Afrique. En Europe, la branche Ford figure parmi les six plus gros
constructeurs automobiles. Au total, près de 350 millions de véhicules Ford ont été vendus depuis 1903.