Les 24 Heures du Mans : un centenaire pied au plancher !

La course automobile d’endurance la plus célèbre du monde fête en 2023 son centenaire avec un programme prestigieux et une course s’annonçant déjà historique. La Monnaie de Paris s’est associée pour l’occasion à l’Automobile Club de l’Ouest : elle sortira prochainement une série de monnaies de collection sur cet événement majeur des sports mécaniques.

La France, pionnière de la course automobile

Dès 1894, la France organise la première compétition automobile entre Paris et Rouen. Le comte Jules-Albert de Dion rallie alors la capitale normande en 6 heures et 48 minutes à la vitesse moyenne de 19 km/h ! Devant l’engouement suscité, le terme « grand prix », jusque-là réservé aux courses hippiques, commence à être utilisé en 1901 pour les compétitions automobiles organisées par l’Automobile Club de France (ACF). Cependant, ces courses se déroulant en rase campagne sont meurtrières pour les pilotes comme pour le public. Le grand prix Paris-Madrid, organisé en mai 1903, bat des records de vitesse, mais cause la mort de sept personnes. La dangerosité des bolides incite l’ACF à organiser ses compétitions sur un parcours fermé à partir de 1906. Elle choisit la région du Mans et trace un circuit de 103,18 kilomètres à travers la Sarthe.

Naissance et débuts des 24 Heures du Mans

Trois membres de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO), l’ingénieur Georges Durand, le journaliste Charles Faroux et l’industriel Émile Coquille, s’associent pour créer en 1922 une nouvelle épreuve basée sur l’endurance plutôt que sur la vitesse. Elle durera 24 heures d’affilée et deux pilotes se relaieront jour et nuit sans pause pour remporter la victoire. Les courses d’endurance existent depuis 1911 aux États-Unis avec les 500 miles d’Indianapolis, mais le fait qu’une course dure plus de 24 heures est un défi lancé aux ingénieurs et aux pilotes. Une petite partie du circuit de l’ACF, 17 kilomètres, est reprise pour accueillir la compétition avec l’objectif de favoriser le progrès technique et l’essor de l’automobile. La première édition est organisée le week-end du 26-27 mai 1923. Malgré le temps pluvieux, 33 équipes de deux pilotes et 17 constructeurs, dont 15 Français, sont présents sur la ligne de départ. Les intempéries endommagent le revêtement du circuit rendant la tenue de route délicate. La faible visibilité liée au temps et aux systèmes d’éclairage des automobiles complique la tâche des pilotes, qui doivent déjà supporter l’humidité et le froid. Les pilotes français André Lagache et René Léonard remportent la course sur leur Chenard & Walcker. Ils ont effectué 128 tours à une vitesse moyenne de 92 km/heure. La presse s’intéresse dès la première édition à cette course originale et contribue à sa renommée auprès du public.

Pérennisation et événements remarquables

La première édition des 24 Heures du Mans est un succès pour ses organisateurs, qui parviennent à pérenniser l’épreuve et à attirer les meilleurs pilotes devant un public toujours plus nombreux. Les performances des voitures s’améliorent et l’événement gagne en prestige. Les 3 000 kilomètres en course sont franchis en 1931. En 1955, les 24 Heures sont touchées par l’accident le plus terrible de l’histoire des sports mécaniques. Le 11 juin, la Mercedes-Benz 300 SLR du pilote Pierre Levegh percute l’Austin-Healey de Lance Macklin à plus de 200 km/h. La voiture passe au-dessus du muret de protection et se disloque en retombant au sol. Des pièces mécaniques sont projetées dans la foule de spectateurs. Le bilan est terrible : on dénombre 84 morts et 120 blessés. Mercedez-Benz se retire des compétitions pour des décennies et ne fera son retour au Mans qu’en 1998. Le drame incite l’ACO à repenser l’emplacement des stands sur le circuit et à renforcer les mesures de sécurité pour le public. Celle des concurrents s’améliore également : en 1970, le spectaculaire départ de course « Le Mans », où les pilotes traversent la piste en courant pour rejoindre leurs voitures garées en épi, est remplacé par un départ lancé. Les années 1960 sont marquées par la rivalité entre Ford et Ferrari et les records tombent. La moyenne des 200 km/h en course est battue en 1966 par les Ford GT40 Mk II. L’année suivante est une édition mythique où les 5 000 kilomètres en 24 heures sont
franchis par une Ford GT40 Mk IV et les Ferrari 330 P4. En 1969, 400 000 spectateurs se pressent le long du circuit pour voir les équipages des deux marques s’affronter.
Ce record d’affluence n’a jamais été battu depuis.
Durant ces cent ans, la course a subi peu d’annulations : en 1936, avec les événements du Front populaire, et entre 1939 et 1949, pendant la Seconde Guerre mondiale et durant quelques années après-guerre, le temps de reconstruire les installations.