Pierre-François Palloy, créateur de médailles de la Révolution

La vie du « patriote Palloy »

Pierre-François Palloy est né le 22 janvier 1755, à Paris, de l’union de Thomas Palloy, marchand de vin, et de Marguerite Guodefroy, elle-même issue du monde viticole.

Contre l’avis de ses parents, le jeune Palloy, alors âgé de 15 ans, s’engage dans l’armée où il finira par atteindre le grade de maréchal des logis. À 21 ans, il quitte l’armée pour devenir commis chez Nobillot, un architecte et entrepreneur.

Après avoir épousé la fille de Nobillot, Pierre-François travaille avec son beau-père et apprend les ficelles du métier d’entrepreneur en construction et démolition. À la mort de Nobillot en 1786, Palloy reprend naturellement la suite et engrange une belle fortune, mais il va finalement devoir sa renommée à une succession d’événements nationaux et à sa vision commerciale. Engagé dans la Garde nationale, il est à la Bastille le 14 juillet pour assister à la fameuse prise. Profitant du flou découlant de la situation, Palloy engage 200 ouvriers pour procéder à la destruction de la bâtisse, ce qui engendre un fort enthousiasme populaire. Il conserve des « reliques » qu’il fait envoyer en souvenir dans les principales villes françaises.

Lors de la fuite du roi à Varennes, Palloy, apprenant la situation, quitte précipitamment Paris pour se lancer à sa poursuite à cheval ; à Châlons, lorsque la nouvelle de son arrestation parvient à ses oreilles, il remonte à Paris annoncer la nouvelle et espère être reçu en triomphe, mais il est devancé par un dénommé Mangin.

En juin 1792, Pierre-François Palloy propose la création d’une colonne et d’une statue de la Liberté en lieu et place de la Bastille. En août de la même année, le citoyen se réengage dans l’armée avec le grade de capitaine, mais le succès n’est pas au rendez-vous et il revient à Paris trois mois plus tard. L’année 1792 marque un tournant dans sa vie, puisqu’il est accusé de détournement de fonds publics et est emprisonné entre décembre 1793 et 1794.

À la fin de sa période d’emprisonnement, Pierre-François quitte Paris pour s’installer dans une maison qu’il possède à Sceaux. Il arrête de travailler et vit d’une pension donnée par le ministère de l’Intérieur. Sa vie sociale et politique est alors très limitée, bien qu’il continue à envoyer des reliques et discours aux personnalités en vue.

Sa femme meurt le 17 janvier 1835 ; Palloy la suit le 18 janvier.

Les médailles

Les thématiques présentes sur les médailles sont toutes liées à la Révolution française : démolition de la Bastille, fête de la Fédération, pacte fédératif, exécution des membres de la famille royale, mise à l’honneur d’un personnage de la Révolution.

Il existerait une cinquantaine de médailles voulues par Palloy et exécutées par des graveurs non spécialistes de la gravure de monnaies et médailles. Entre 1789 et le début de l’année 1792, la gravure des coins et la frappe ont été confiées à Philippe Moisson et Ferrandine, puis en 1792, le graveur Thévenon a pris le relais. Peut-être y a-t-il eu d’autres intervenants, mais il ne s’agit que d’hypothèses en l’absence de sources.

La frappe elle-même est faite de manière artisanale par assemblage de deux faces frappées indépendamment l’une de l’autre et assemblées par un cerclage en bois ou en laiton. L’originalité venait surtout des métaux employés (fer et plomb majoritairement), qui étaient des reliques provenant de différents lieux historiques (chaîne de la prison de la Bastille) ou en lien avec la vie de Palloy (barreau de la prison où il fut enfermé).

Les modules, du fait de la frappe artisanale, sont extrêmement variés, allant de 36 à 86 millimètres, même si la majorité des médailles ont un module compris entre 36 et 43 millimètres. Les poids sont également très variés et un relevé serait peu révélateur : l’assemblage des deux faces laissant un vide au milieu, un disque de carton ou de métal servait à combler ce « défaut » ; des médailles issues de la même frappe et du même assemblage peuvent donc avoir des poids totalement différents, ce qui les rend uniques.

Trouver des médailles d’époque de Palloy est complexe, car les métaux employés et les conditions de frappe font que la majorité d’entre elles ont fortement oxydé ou ont disparu. La frappe limitée à 1 200 exemplaires par type n’a pas non plus facilité la conservation. Pour retrouver un échantillon très complet de ces médailles, il faut se rendre au musée Carnavalet, à Paris.

Collectionner ces médailles contemporaines des évènements révolutionnaires, populaires dès leur création, est intéressant, car les prix, même pour de beaux exemplaires, sont raisonnables et il est encore possible de faire de belles trouvailles sans doute non répertoriées.