Le sacre d’Henri IV

« Méchant, tu m’as tué » sont les derniers mots du roi Henri III, poignardé par le moine Jacques Clément, un ultra-catholique de la Ligue, le 1er août 1589. Ainsi s’éteint la dynastie des Valois. Sans héritier direct, la couronne d’Henri III passe à son cousin et beau-frère Henri de Navarre, un protestant.
Depuis 25 ans la France est déchirée par les guerres de Religion. Comment un homme que rien ne prédestinait à la couronne va-t-il devenir le réunificateur de la France et l’un des rois les plus populaire de son histoire ? Intéressons-nous au début de règne du Vert Galant !

Un contexte explosif et un héritier contesté

Avec la mort d’Henri II en 1559 et l’affaiblissement du pouvoir royal dès 1562, le pays est divisé entre catholiques et protestants. Le dogme protestant prend de plus en plus de place autant auprès des nobles qu’auprès du bas peuple. Les catholiques menés par la famille de Guise et les Huguenots (autre nom des protestants), menés par son ami, l’amiral de Coligny, se livrent une guerre d’influence auprès du roi Charles IX. Le 18 août 1572, Henri de Navarre a épousé Marguerite de Valois, sœur de Charles IX et du futur Henri III, ce qui déplaît fortement aux chefs catholiques. Le 22 août 1572, Coligny échappe à un attentat et le Roi lui promet justice, mais, par peur de la défection des nobles catholiques, c’est finalement l’élimination de tous les chefs de guerre protestants qui est décidée. Du 24 août au 30 août a lieu le massacre de la Saint-Barthélémy. Entre 10 000 et 30 000 protestants sont assassinés dans tout le royaume, dont l’amiral de Coligny.
Alors que la menace protestante semble éloignée, Charles IX meurt et son frère Henri III devient Roi le 30 mai 1574. Son frère François, sans enfant, meurt de la tuberculose en 1584. Henri III n’a pas d’enfants non plus et son héritier direct est son beau-frère huguenot, Henri de Navarre. Cela est impensable pour le parti catholique, la « Ligue », mené par les Guise. Dès lors une conjuration est mise en place : les ligueurs, avec l’aval de l’Espagne catholique, veulent placer le Cardinal de Bourbon, un bon catholique, à la tête du Royaume.
Le Roi est sommé par le Duc de Guise, alors extrêmement puissant, de bouter hors du royaume tous les hérétiques et par conséquent, de faire la guerre à son héritier. Contraint publiquement d’embrasser la cause de la Ligue, ce qui le répugne, le Roi craint d’être assassiné et de perdre la couronne. Il convoque les États-généraux à Blois, où il se trouve, et toute la haute noblesse se déplace, les Guise inclus. Le matin du 23 décembre, il fait convoquer le Duc de Guise pour un entretien privé : le Duc se présente et la garde royale lui fond dessus sur ordre du Roi.
Cette mise à mort reste dans l’Histoire comme le « coup de Majesté ». Son frère le cardinal de Guise est assassiné à la hallebarde le lendemain. Sous la nouvelle, la France se soulève contre le Roi et celui-ci doit fuir pour rejoindre Henri de Navarre. La Ligue fait front et peu de villes restent fidèles au Roi. Henri de Navarre et le Roi marchent sur Paris à la tête de 30 000 hommes, catholiques et protestants. Tandis que le Roi est à Saint-Cloud, un moine ligueur l’assassine. À l’agonie, il insiste devant témoin pour que son cousin Henri de Navarre, héritier légitime, devienne Roi de France. Le 2 août 1589, Henri devient officiellement Henri IV, roi de France et de Navarre. Cependant, le nouveau roi continue le combat face à la Ligue et à une grande partie du pays. Alors en infériorité numérique, Henri IV remporte de nombreuses victoires. Sur les conseils de son ami protestant Maximilien de Béthune, futur Duc de Sully, et de sa maîtresse Gabrielle d’Estrées, le Roi affirme sa volonté d’unifier le pays. Il abjure le protestantisme et se fait baptiser à la foi catholique le 25 juillet 1593 en la Basilique Saint-Denis. De nombreux protestants lui tournent alors le dos.

Un sacre original

Après cet événement, le Conseil royal cherche un lieu pour faire sacrer le Roi. La ville de Reims est aux mains des ligueurs et en faire le siège donnerait une mauvaise image. Le choix se porte alors sur Chartres et sa grande cathédrale. Avec l’accord des notables de la ville, acquis à la cause du Roi Henri, de nombreux contrats sont passés afin que la cathédrale fasse « peau neuve » pour le sacre. Des travaux sont engagés du 1er septembre au 9 octobre 1593. Le but de ces travaux est avant tout d’augmenter la capacité d’accueil de l’édifice et de supprimer un imposant jubé qui empêcherait la foule de voir le Roi. Les murs
intérieurs et les sols de l’édifice sont recouverts de tapisseries représentants la vie de Moïse (dont cinq sont encore visibles au Musée des Beaux-Arts de Chartres).