Le Louis d’or d’hier et d’aujourd’hui

Depuis quelques années, la flambée des cours de l’or et le sentiment d’insécurité et d’instabilité au niveau mondial ont contribué
à l’augmentation du nombre d’acheteurs ou d’investisseurs dans l’or papier et physique. L’or boursable est tentant mais vu comme contraignant par de nombreuses personnes. Les créations de la Monnaie de Paris, achetables à la valeur faciale, sont donc prisées depuis leur création.

Les origines du Louis d’or

Les pièces en or sont nombreuses dans l’histoire de France. Tout le monde a en tête des monnaies celtiques ou des monnaies mérovingiennes frappées dans le précieux métal jaune. L’or va disparaître temporairement des monnaies « françaises » sous les Carolingiens pour ne réapparaître que sous le roi Louis IX (règne de 1226 à 1270) avec le célèbre écu d’or.
Le problème des pièces d’or françaises médiévales réside dans le fait qu’en fonction de la conjoncture économique, le roi va manipuler le titre ou le poids de la monnaie et donc provoquer des thésaurisations et des multiplications des types, y compris dans un même règne (exemple du célèbre Philippe IV qui a hérité du surnom peu flatteur de « roi faux-monnayeur »).
L’exploitation des mines d’or des colonies espagnoles et portugaises d’Amérique du Sud a contribué aux énormes flux de pièces d’or sur le continent européen. Voyant d’un mauvais œil la mainmise des États hispaniques sur la frappe des monnaies d’or et sur le commerce, Louis XIII et Richelieu vont bouleverser tout le système monétaire français, lors d’une grande réforme en 1640 : on assiste alors à la création de monnaies stables d’argent et d’or, dont le fameux Louis d’or inspiré de la pistole d’or espagnole, avec son portrait à l’avers. Cette monnaie d’or d’un poids de 6,75 g avec un titre de 917/1 000e était censée être, au départ, un demi-Louis. Louis XIV, fils et successeur de Louis XIII, va conserver le Louis d’or même s’il l’a manipulé au cours de son règne. En 1709, le Louis gagne en poids et pèse désormais 8,158 g (toujours à 917/1 000e), mais sa valeur réelle est divisée par deux par rapport à la première version du Louis d’or. Ses successeurs vont légèrement faire fluctuer poids ou valeur jusqu’en 1785.

Une œuvre de Jean Warin

En 1640, le graveur Jean Warin – accompagné de Nicolas Briot, « tailleur général des monnaies et contrôleur général des poinçons et des effigies » (l’équivalent du poste de graveur général actuel) – réalise toute la nouvelle gamme de pièces en argent basées sur l’écu et de monnaies d’or basées sur le Louis. Pour la gamme des « Louis », Jean Warin propose l’adoption du portrait du souverain à l’antique (buste lauré, à droite), mais aussi une frappe au balancier, et non au marteau comme les autres monnaies de l’époque, pour une meilleure
exécution de ces gravures. Les trois valeurs « courantes » sont le demi-Louis (poids théorique de 3,376 g), le Louis (poids de 6,75 g ; environ 2 millions d’exemplaires frappés) et le double Louis (poids de 13,5 g). À ces monnaies déjà prestigieuses se rajoutent des pièces de prestige dites pièces de plaisir ou d’hommage. Les multiples du Louis d’or sont au nombre de trois et ont été émis en très petite quantité pour un cercle très restreint : il s’agit des 4, 8 et 10 Louis (poids théorique de 67,5 g !).
Ces monnaies, qui font partie des fleurons de la numismatique française, ont rencontré un beau succès, puisqu’elles ont été imitées par des pays voisins. Jean Warin, ayant démontré toute sa maîtrise de l’art monétaire, obtient le poste de tailleur général des monnaies en 1646 et gravera les premières pièces du règne du Roi Soleil.

Le Louis d’or 2024

En 2024, Joachin Jimenez et les graveurs de la Monnaie de Paris se sont attaqués à la réinterprétation du Louis d’or de Jean Warin, frappé sous Louis XIII dès le 31 mars 1640. Elle a conduit à la « fusion » des avers et revers originaux (comme pour les Napoléon 2023) : à l’avers, se trouvent trois croix formées de 8 « L » couronnées et accompagnées de quatre fleurs de lys sur la gauche, tandis que, plus au centre et à droite, figure le buste nu et lauré de Louis XIII ; sur le bas de son buste est marquée l’année 2024 ; un grènetis et la devise républicaine sont présents circulairement. Le revers, identique pour toute la série, porte un hexagone symbolisant le territoire français et, à l’intérieur de celui-ci, trois bandes (une contenant des aigles, une contenant des fleurs de lys et une croix pattée dans un quadrilobe) représentant les monnaies qui ont été et seront mises à l’honneur, ainsi que le drapeau national. Le Louis 2024 est disponible dans les deux métaux précieux : deux monnaies d’argent d’une valeur faciale de 20 et 100 euros, et cinq monnaies en or (250, 1 000, 2 500, 5 000 et 10 000 euros).
En 2025, la monnaie d’or mise à l’honneur sera le premier franc, celui du roi médiéval Jean II le Bon avec son célèbre « franc à cheval », sur lequel le roi de France apparaît en guerrier prêt au combat. Celui-ci viendra clore la série des « Ors de France ». Les valeurs faciales disponibles seront identiques à celles de 2023 et 2024.

Une belle idée de collection

La série « Ors de France », initiée en 2023 et qui prendra fin en 2025, offre donc de multiples possibilités entre les monnaies d’argent et celles en or. Elle permet aussi de s’intéresser aux autres monnaies en métaux précieux circulantes émises depuis 2008 et à la célèbre série « Semeuse ».
Le concept est repris avec les séries « Euro des Régions » en 2010 (carte et armoiries), 2011 (monuments et symboles) et 2012 (personnages célèbres) qui se composent de 27 monnaies d’argent et une monnaie de 200 euros or.
La France a continué à frapper des monnaies prestigieuses à un rythme régulier, mettant en avant diverses thématiques : Hercule ; les
valeurs de la République ; Sempé ; le coq ; le Petit Prince ; Mickey ; Jean-Paul Gaultier ; Marianne ; Natures de France ; les Schtroumpfs ; Harry Potter ; Astérix, les arbres, les Jeux olympiques de 2024 (plusieurs types à valeur faciale de 250 euros : la mascotte, la Semeuse boxeuse, la Marianne courante, le génie discobole). La collection « Ors de France » s’inscrit donc dans cette continuité de monnaies précieuses disponibles à la valeur faciale, qui seront toujours échangeables, a minima, à cette valeur. Il s’agit donc d’un « placement » sans aucun risque pour des pièces disponibles en quantité limitée et échangeables à tout moment à la Banque de France. Une belle collection est déjà envisageable avec toutes ces monnaies fabriquées ces 15 dernières
années…