L’or de France pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide

L’or et le franc

Durant la Seconde Guerre mondiale, les stocks d’or français sont évacués vers les colonies et les États-Unis. Aujourd’hui, la Souterraine, salle de la Banque de France située en plein Paris, abrite plus de 2 400 tonnes d’or.

En 1944, en préparation de la libération totale des pays d’Europe du joug nazi, 44 nations signent les accords de Bretton Woods : ceux-ci prévoient et inaugurent un système basé sur la convertibilité des monnaies et du principe du taux de change. En pratique, les unités monétaires, dont le franc, sont toutes liées au dollar, qui est lui-même relié à un change or. Les autres monnaies restent donc théoriquement reliées à l’or.

Après la crise de 1929 et les événements liés à la guerre, le franc, dit « franc Poincaré », perd sérieusement de sa valeur en passant d’un dollar pour 50 francs en 1944 à un dollar pour 420 francs en 1958. C’est la mise en place du « nouveau franc » (1958-2001), qui remettra de l’ordre d’un point de vue monétaire et économique.

En pleine guerre froide, le 15 août 1971, le président américain Richard Nixon met fin à la convertibilité du dollar en or, car les dépenses américaines sont trop importantes et, avec l’inflation, la peur d’une grosse demande de remplacement de dollars par de l’or fait craindre une faillite totale du système. Les cours de l’or, dans tous les pays du monde, se détachent définitivement des cours du change. Le dollar reste cependant la monnaie d’échange mondiale, tandis que le franc disparaît au profit d’une monnaie plus forte mais européenne : l’euro. Chaque pays peut donc désormais suivre ses propres idées dans la gestion de ses stocks d’or ; en effet, il n’y a plus aujourd’hui corrélation entre stock d’or et monnaie, même si les BRICS (groupe composé de plusieurs États, dont le Brésil, la Russie et la Chine) et autres pays émergents se sont à nouveau emparés de la question.

L’évolution des monnaies en or

La Seconde Guerre mondiale a entraîné un bouleversement dans les monnaies circulantes. En effet, métaux précieux et métaux stratégiques ne pouvaient être utilisés qu’à des fins stratégiques (armement ou encaisse métallique). Les monnaies en circulation durant cette période sombre, puis sous la IVe République, se limitent à du zinc, de l’aluminium et du maillechort.

Le retour à une situation normale et à une période faste due à la reconstruction entraîne un retour de métaux plus nobles (nickel) et précieux avec les 5 francs Semeuse, puis les 10 et 50 francs Hercule en argent, et enfin la 100 francs Panthéon ainsi que ses dérivés. Les valeurs faciales ont beaucoup augmenté et le poids en argent a beaucoup diminué, mais les pièces en argent avaient le mérite d’exister et d’être acquises par les Français.

La situation est différente pour les monnaies en or. La dernière monnaie destinée à la circulation était la 100 francs Bazor, dont une frappe courante a été réalisée en 1935 et 1936.

L’or (en barres ou en pièces) est conservé dans les coffres de la Banque de France en tant qu’encaisse métallique et n’est plus frappé, car la conversion franc-or ne s’appliquant plus, aucune raison ne pousse l’État à en fabriquer. L’or devient donc, en France, réservé aux monnaies de collection vendues au-dessus du cours et frappées en quantités limitées.

Les Français qui veulent acquérir des monnaies en or doivent donc se tourner vers les pièces de collection ou anciennes « boursables » (les fameux Napoléon frappés en plusieurs millions d’exemplaires).

L’arrivée de l’euro a quelque peu bouleversé la donne avec des pays frappant des bullions d’investissement (ce que la France se refuse à faire), mais aussi des monnaies à la valeur faciale élevée échangeables auprès des banques et normalement circulantes…

La nation française reste particulièrement attachée au précieux métal jaune : elle est en quatrième position dans le classement mondial des réserves d’or. De plus, un Français sur quatre déclare détenir de l’or physique. Grâce à l’augmentation des cours de l’or depuis plusieurs années, l’investissement est peu risqué.