80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale

D’un conflit larvé à la guerre totale

La signature du Traité de Versailles en 1918 laisse un goût amer aux Allemands et rapidement l’idée de revanche s’insinue dans les esprits. La crise de 1929 et la décadence de la République de Weimar sont du pain bénit pour le jeune parti national-socialiste mené par Adolf Hitler. Rapidement, l’Allemagne se réarme et Hitler veut annexer tous les territoires germanophones. Il trouve des appuis dans l’Italie fasciste de Mussolini et dans l’Espagne nouvellement nationaliste de Franco. En octobre 1938, Hitler annexe la Bohême-Moravie sans que les grandes nations réagissent. Cette faiblesse le pousse à envahir la Pologne le 1^er septembre 1939. Avec cette attaque, le système des alliances se met en marche. L’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne mais le front est figé : la doctrine militaire française est celle de 1918 et elle est basée sur la défense, c’est la « Drôle de guerre ». Le 17 septembre, l’Allemagne et l’URSS signent le pacte germano-soviétique et se partagent la Pologne isolée. Le 10 mai 1940, l’armée allemande attaque par le sud de la Belgique et perce immédiatement le front. Malgré de nombreux actes de bravoure des Belges et des Français, l’armée allemande avance inexorablement. Bien que l’armée française soit prête à en découdre, l’état-major est dépassé par une vision ancienne de la guerre. Rapidement, l’armée anglaise doit évacuer à Dunkerque, sauvée par le reste de l’armée française qui résiste. Le 14 juin, l’armée allemande entre dans Paris, ville ouverte. L’armistice est signé par Pétain le 22 juin à l’endroit même où avait été signé celui de 1918, Hitler l’ayant exigé. En France, la Résistance s’organise. La France dirigée par le régime de Vichy est divisée en deux zones : la zone libre au sud et la zone occupée par l’Allemagne au Nord. Les Anglais se retrouvent seuls. Churchill les met en garde : il n’a à leur offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur… pour la victoire !

Le front de l’Est

Le 22 juin 1941, Hitler brise ses engagements et trahit les accords avec l’URSS. À 4 h 15 du matin 3 800 000 hommes entrent dans le territoire soviétique. La plus grande opération militaire de tous les temps vient de débuter : l’opération Barbarossa. Après la France, les Allemands appliquent la doctrine de la « Blitzkrieg », la guerre-éclair, en Russie. Staline rejoint les Alliés et les Allemands se retrouvent pris entre deux fronts. Bien que les Allemands soient victorieux sur tous les fronts, la bataille de Moscou les arrête net en octobre 1941. Il faut que les Japonais entrent en guerre contre l’URSS pour libérer la pression en Europe.

Le 7 décembre 1941, à la surprise générale, les Japonais, alliés des Allemands, attaquent la base américaine de Pearl Harbor. Cette attaque surprise force les Américains à entrer en guerre. Les Allemands et les Italiens déclarent de facto la guerre aux USA. L’Empire Japonais, dont la marine est gigantesque, s’étend alors sur une partie de l’Asie et de l’Océanie. La « guerre du Pacifique » vient de débuter entre les USA et le Commonwealth britannique d’un côté et une armée japonaise fanatisée de l’autre.

Les Allemands se retrouvent embourbés dans la bataille de Stalingrad qui se transforme rapidement en piège destructeur. Tout comme les troupes de Napoléon en 1812, l’armée allemande entreprend en 1943 une terrible retraite jusqu’à Berlin. Le vent vient de changer de sens et les Alliés prennent le dessus. Les colonies françaises d’Afrique du Nord ne reconnaissent pas Vichy et elles sont une base arrière pour lutter contre l’Axe en Méditerranée. La campagne d’Afrique est rude, l’armée allemande résiste tant bien que mal, menée par le Maréchal Rommel. Avec la bataille d’El Alamein, l’Afrikakorps est jetée à la mer.

La défaite de l’Allemagne

Le 6 juin 1944, les troupes américaines débarquent en Normandie. Hitler est sidéré par cette annonce, lui qui était persuadé que le débarquement se ferait dans le Pas-de-Calais. Lors de la bataille de Normandie, 50 000 civils sont tués. Les Allemands savent que tout est terminé : le front en Russie est brisé, les Japonais perdent du terrain depuis la bataille de Midway en juin 1942 et les Américains semblent avoir un ravitaillement illimité. Paris est libéré le 25 août 1944 et Strasbourg le 23 novembre. Le 16 avril 1945, les Soviétiques sont aux portes de Berlin. Les miettes de l’armée allemande et les civils qui représentent à peine 700 000 hommes résistent jusqu’au 2 mai face à 2,5 millions de soldats soviétiques. Berlin est un champ de bataille encore pire que celui de Stalingrad où la fureur des derniers nazis s’exerce sur les civils tandis que les Russes commettent massacres et viols. Hitler s’enferme dans son bunker et, le 30 avril, il se suicide avec sa femme, Eva Braun. Leurs restes sont incinérés dans un trou d’obus, devant la porte du bunker. Lorsque la nouvelle se répand, les nazis n’y croient pas et décident de mourir au combat. Le 1^er mai, Goebbels se suicide à son tour. Dès ce moment, les derniers bastions se rendent et de nombreux soldats et civils cherchent à rejoindre le front américain, sachant très bien que les Soviétiques seront sans pitié. Le 2 mai à 4 heures du matin, Helmuth Weidling, dernier commandant allemand en poste et au combat, signe la capitulation sans condition. L’armée rouge exulte ! Le 7 mai 1945 est signée à Reims la reddition de l’armée allemande, les combats devant cesser le 8 mai à 23 h 01 (1h 01 du matin le 9 mai à l’heure de Moscou). Le Japon ne capitule officiellement que le 2 septembre 1945. L’armistice est fêté en France le 8 mai, aux Pays-Bas le 5 mai et le 9 mai en Russie.

Bilan

Parmi les cinq continents touchés par la guerre, c’est l’Europe qui subit le plus de pertes matérielles. La France est dévastée par les bombardements alliés et par les combats, l’URSS est un champ de ruines jusqu’à Moscou et l’Allemagne est ravagée tant par les bombes que par les combats acharnés : Dresde, Berlin et Leipzig sont des cimetières à ciel ouvert. En Pologne, Varsovie est un tas de ruines. En Asie, le Japon du Sud est dévasté et les villes de Hiroshima et de Nagasaki ont été soufflées par deux bombes atomiques. Certains paysages rappellent le champ de bataille de Verdun, lunaire. La mort a été donnée de manière industrielle.

Sur le plan humain, c’est une hécatombe. Les pertes totales sont estimées entre 60 et 80 millions. L’URSS paye le plus lourd tribut avec 25 millions de morts dont 15 millions de civils. Les pertes de l’Allemagne se montent à 8 millions d’hommes et de femmes, civils et militaires confondus, soit 10 % de sa population. En France, les pertes militaires s’élèvent à 200 000 hommes, mais l’occupation et les bombardements fauchent 350 000 civils. Les colonies payent le plus lourd tribut pour la France : l’Indochine occupée par le Japon perd environ 1 500 000 personnes soit 6 % de sa population. Les territoires sous occupation japonaise ont été le théâtre d’exactions terribles, massacres et expériences scientifiques.

La Shoa

Lorsque la guerre se termine, le monde découvre avec stupeur les camps de concentration et d’extermination du régime nazi. Le 27 janvier, le camp d’Auschwitz est libéré, d’autres suivront. Quelques archives sur le point d’être détruites sont retrouvées in extremis et de nombreux survivants témoignent. À l’est, les populations juives ont systématiquement été massacrées par balles dès le début de l’opération Barbarossa par des unités spéciales : les Einsatzgruppen. Les « inutiles » (femmes, enfants, vieillards) ont été systématiquement supprimés. En Pologne, pays où le nombre de juifs était le plus important, des ghettos ont servi à garder temporairement cette population. Près de 300 ghettos ont vu le jour, dont les plus importants étaient à Varsovie et à Lodz. Au total, on estime que la Shoah est responsable de 5,7 millions de morts soit 85 % de la population juive européenne. Près de 77 000 juifs de France sont morts dans les camps de concentration.

Le 8 mai marque la fin des commémorations des 80 ans de la Seconde Guerre mondiale. En juin dernier, le débarquement en Normandie a été célébré et le 25 août dernier, la libération de Paris. En janvier se sont tenues les commémorations d’Auschwitz en compagnie des derniers survivants de l’Holocauste. Cette souffrance commune fut un terreau fertile à la création de l’Union Européenne. Pour l’anecdote, après la guerre, 583 rues de France furent nommées « rue du 8 mai 1945 ». Bien que les témoins de ces événements disparaissent lentement, le souvenir de ces années terribles reste vif dans la mémoire collective. Espérons que les hommes n’oublient jamais les horreurs de cette guerre.