Henri Dropsy, grand médailleur du XXe siècle

Sa vie

Henri Dropsy est né le 21 janvier 1885. Son père Jean-Baptiste Émile (1848-1923), sculpteur et graveur à Paris, avait acquis une solide réputation.

Après les premiers apprentissages auprès de son père, Henri entra à l’École des Beaux-Arts où il fut l’élève de Chaplain, Vernon et Patey ; il fréquenta aussi régulièrement l’atelier Injalbert pour parfaire ses connaissances.

Second Grand prix de Rome en 1908, à 23 ans, il aurait certainement pu obtenir le Grand prix et profiter du séjour à la Villa Médicis. Cependant il se maria et quitta les Beaux-Arts en 1911.

Il participa à la Première Guerre mondiale dès les premiers combats et eut la douleur de perdre son frère, lui aussi graveur, en 1915.

Revenu de la guerre très marqué, comme de nombreux jeunes hommes, il obtint une bourse de voyage, en 1922, qui lui fit découvrir l’Italie mais également l’Algérie et la Tunisie.

À son retour, les commandes affluèrent par son éditeur et ami Victor Canale (entreprise créée en 1827 et toujours en activité !).

En 1930, Dropsy devint responsable de l’atelier de gravure en médailles de l’École des Beaux-Arts et, dans son rôle de maître, transmit, pendant 25 ans, les techniques de gravure sur acier à de nombreux élèves. Il avait coutume de leur répéter : « Travaillez avec cœur ! Il n’est de bon que ce qui sort du cœur. ». Entre 1948 et 1949, il fut également chargé de cours à l’École des Beaux-Arts du Caire.

Officier de la Légion d’honneur et officier des Arts et des Lettres, Dropsy fut également académicien (Beaux-Arts). Son élection à l’Académie (1942) fut une reconnaissance de son travail par ses pairs ; il fut d’ailleurs vice-président (1951) puis président (1952) de la noble institution.

En 1964, la Monnaie de Paris organisa une exposition des œuvres d’Henri Dropsy ; cette exposition rassemblait une centaine d’œuvres retraçant le parcours mais aussi l’évolution technique de l’artiste.

Sa mort survint le 2 novembre 1969, à l’âge de 85 ans. Son fauteuil d’académicien revint à son ancien élève, Raymond Corbin, qui, comme le veut la tradition, fit son éloge le 16 décembre 1970.

Ses réalisations

Henri Dropsy n’a pas laissé de monnaies circulantes ou commémoratives. Il a pourtant réalisé des essais de concours pour la 100 francs or de 1929 ; sa proposition ne fut pas retenue.

Dropsy réalisa également, dans son atelier, avec ses élèves Corbin et Galtié, une épreuve privée « fantaisiste » d’une valeur faciale de « 25 oboles ». Cette médaille monétiforme, datée de 1934, relève davantage d’un exercice de style que d’une véritable proposition pour une future monnaie.

C’est dans la réalisation de médailles que Dropsy travailla avec acharnement ; on dénombre plus de 600 types de médailles signées de sa main. Ses compositions sont décrites comme harmonieuses et équilibrées, d’une grande finesse et d’une grande diversité.

Il réalisa des portraits de grands personnages de son temps (Clemenceau, Aristide Briand, Élisabeth II, Eisenhower…) mais aussi de l’histoire de France (Nostradamus, Saint-Simon…). Il grava également de nombreuses médailles thématiques (naissance, mariage…), des médailles de prix et des commandes pour des institutions/entreprises (EDF/GDF…), des inaugurations ou des anniversaires.

Collectionner les médailles d’Henri Dropsy est une belle aventure. Les sujets sont divers et nombreux. Les prix varient de quelques dizaines d’euros pour les plus communes à des centaines d’euros pour les plus rares ou celles en métaux précieux. Les essais monétaires de Dropsy sont plus difficiles à trouver, car frappés en quantité très limitée, et se retrouvent peu souvent en vente. La beauté de certaines médailles permet cependant de faire abstraction de cette parenthèse monétaire et de remplir un beau médaillier de ce graveur méticuleux et honoré de son vivant pour son travail.