Les 50 ans de l’arrivée du Tour de France sur les Champs-Élysées

L’édition 2025 du Tour de France se déroulera du 5 au 21 juillet. La première étape sera lancée à Lille pour une arrivée le 21 juillet sur les Champs-Élysées. Plus de 150 cyclistes composant une vingtaine d’équipes vont s’affronter dans cet événement sportif mythique qui n’est ni plus ni moins que la course cycliste la plus connue au monde !

Une histoire mouvementée

Tout commence en 1903 lorsque Henri Desgrange, ancien cycliste et directeur du journal « L’Auto », décide de créer un événement sportif sans précédent, dans le but de sauver son journal alors en perte de vitesse. Le 1^er juillet 1903, devant le café « Le Réveil-matin », s’élancent soixante coureurs téméraires dans une course totalement inédite. Le but ? Faire le tour de France en ralliant les principales villes en six étapes : Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon et Paris ! Le tout sur 2 428 kilomètres. Imaginez les routes de France en 1903... De la terre battue et des pavés tout du long. Le ravitaillement se fait quant à lui à la bonne-franquette : les coureurs s’arrêtent le long des routes, dans les bistros et restaurants, parfois même chez l’habitant pour y boire de la bière, du vin et manger ce qu’ils y trouvent. Sur les soixante coureurs, seuls vingt-et-un terminent cette édition. Le gagnant de cette première compétition est Maurice Garin qui aura pédalé 94 heures et 33 minutes soit 15 heures de vélo par étape et sans assistance. Celui-ci empoche 3 000 francs soit l’équivalent de 15 000 de nos euros actuels. Entre 200 000 et 500 000 personnes s’amassent le long des routes pour voir les cyclistes et le journal « L’Auto », qui publie les actualités du Tour, se vend désormais à 60 000 exemplaires soit le double d’avant la course.

Bien que populaire et fédérateur, le Tour doit vite faire face au chauvinisme régional et au sabotage. Les populations régionales, par divers actes, s’en prennent aux coureurs adverses (d’autres régions) afin de les disqualifier. Malgré ces actes isolés, la course prend une vraie ampleur et l’État encourage cet événement.

Lorsque survient la guerre en 1914, le Tour de France est arrêté et de nombreux héros de cette épreuve sont mobilisés. Durant cette période, « L’Auto » publie tristement les noms des cyclistes et autres sportifs morts pour la France. Henri Desgrange s’engage en 1917 mais il continue à rédiger des articles sur le front. Lorsque l’armistice est signé, Desgrange annonce le retour de « La Grande boucle » en 1919 avec évidemment une étape à Strasbourg, reprise à l’ennemi.

L’Entre-deux-guerres et l’arrêt du Tour

Lors de l’édition de 1919, les vainqueurs d’étape remportent le désormais mythique maillot jaune. Le maillot est jaune pour rappeler les pages du journal « L’Auto » qui sont de cette couleur. Le Tour se professionnalise au fur et à mesure des éditions et l’aura de cet événement grandit grâce à la radiodiffusion ! Les règles sont modifiées pour l’édition de 1930 : désormais, la course se fait en équipes nationales : l’Allemagne, la France, la Belgique, l’Italie et l’Espagne. Il existe également une sixième équipe sans drapeau nommée « Touristes-routiers ». Afin de financer cet événement de plus en plus coûteux, la caravane publicitaire voit le jour. La période 1934-1939 est marquée par un affrontement nationaliste entre la France et la Belgique.

Quand la guerre éclate à nouveau, le Tour est arrêté. Henri Desgrange tombe malade et meurt le 16 août 1940. Les autorités allemandes souhaitent organiser le Tour de France dans la zone occupée mais Jacques Goddet, successeur de Desgrange, s’y refuse. Le projet est mis en œuvre par le journal collaborationniste « La France Socialiste » mais l’engouement n’est pas au rendez-vous. Le journal « L’Auto » voit ses biens confisqués et il n’est plus publié en 1944.

L’Âge d’or : 1947-1979

Après la guerre, le journal « L’Auto » renaît de ses cendres et prend le nom de « L’Équipe ». Cette période marque un grand renouveau pour le Tour de France. De plus en plus d’étapes se font en montagne et des noms entrent dans la légende : Mont Ventoux, Alpe d’Huez et Puy de Dôme. L’engouement renaît aussi grâce à la retransmission télévisuelle qui permet aux téléspectateurs d’apprécier le Tour à la maison. La caravane publicitaire devient incontournable : tout le monde veut voir l’accordéoniste Yvette Horner, attachée fermement sur le toit d’une voiture, recevoir de plein fouet des objets publicitaires propres à l’événement. Le Tour entre définitivement dans la légende : les Français s’unissent pour soutenir leurs « héros » dans une France nouvelle en totale reconstruction. Cette période est marquée par une rivalité qui va passionner les Français : l’affrontement social et culturel entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor dit « Poupou ». Le point d’orgue de cet affrontement est l’étape du Puy de Dôme en 1964 : tandis qu’Anquetil est donné gagnant, Poulidor arrive premier avec 42 secondes d’avance, cependant Anquetil conserve le maillot jaune car son score est meilleur au contre la montre (une épreuve où les coureurs s’affrontent au chronomètre sur un segment de l’étape). Poulidor obtient le surnom d’éternel second. Cette rivalité n’empêche pas les deux coureurs de devenir amis jusqu’à la mort d’Anquetil en 1987. Avant sa mort, Anquetil dit à Poulidor « Je suis désolé mais tu finiras encore deuxième, c’est moi qui partirai le premier ». Un autre coureur de cette époque est entré dans la légende, le belge Eddy Merckx avec ses 34 victoires d’étape. Le Français Bernard Hinault gagne cinq Tour de France et est le dernier Français à avoir gagné le Tour en 1985 !

La mondialisation du Tour

Dès la fin des années 1970, le Tour de France s’internationalise et la course gagne en popularité à l’échelle mondiale. Il va sans dire que la télévision y est pour beaucoup. Les politiques de l’époque comprennent bien l’importance de cet événement et ils veulent faire du Tour de France un « promoteur de la France des loisirs et du tourisme ». Les prises de vues se font de plus en plus par hélicoptère et les téléspectateurs du monde entier découvrent les beaux paysages de l’Hexagone. En 1975, le Tour passe par de nombreuses stations de ski, où de grands projets immobiliers viennent de s’achever. La caravane publicitaire est également de plus en plus longue. Ce tournant commercial est à l’époque vivement critiqué mais la France connaît alors un ralentissement économique. Cette édition de 1975 marque l’Histoire. Au-delà de la course cycliste, le Tour de France est indissociable du rayonnement de notre pays et constitue une ode à la beauté de nos paysages.

Collection « Tour de France »

La Monnaie de Paris rend hommage à cet événement fédérateur. Elle a d’abord émis deux monnaies en argent : une 10 euros et une 50 euros qui sont sorties le 27 mars 2025. Sur la face de cette monnaie est représenté un coureur du Tour, le poing levé en signe de victoire. Derrière-lui, le symbole des Champs-Élysées : l’Arc-de-Triomphe. À quelques jours du grand départ, cinq autres monnaies de collection en or et en argent sont également à découvrir, s’en suivront 7 médailles de collection.