Édith Piaf, l’inoubliable

Le 10 octobre 2023 marque les soixante ans de la disparition d’une légende de la chanson française : Édith Piaf. D’une vie de misère aux tournées américaines, laissez-vous emporter par cette femme attachante à la vie si bouleversante…

Une enfant de la rue

Si vous vous promenez au 72, rue de Belleville à Paris, en levant les yeux, vous pourrez lire sur une plaque de marbre : « Sur les marches de cette maison naquit le
19 décembre 1915 dans le plus grand dénuement Édith Piaf dont la voix, plus tard, devait bouleverser le monde ». De son vrai nom Édith Giovanna Gassion, la chanteuse a toujours repris cette histoire comme étant vraie, bien que l’acte de naissance mentionne une naissance à la maternité de l’hôpital Tenon.
La petite Édith voit le jour dans une famille d’artistes de cirque. Son père, Louis Gassion, est un contorsionniste originaire du Calvados, et sa mère, Annetta Maillard (dont le nom de scène est Line Marsa), est une acrobate et chanteuse. Malheureusement pour Édith, son père est au front, et sa mère l’abandonne rapidement aux soins de sa grand-mère maternelle qui la délaisse. Manquant de nourriture, elle vit dans la crasse jusqu’à ce que son père obtienne une permission et la place chez sa grand-mère paternelle. Celle-ci ne l’aime pas, mais, heureusement pour la petite Édith, les prostituées travaillant dans le bordel que tient sa grand-mère prennent bien soin d’elle. Édith y découvre alors la bonne nourriture normande et l’hygiène.
Après la guerre, son père revient la chercher et l’emmène sur les routes de France. C’est une vie de bohème et de misère qui s’offre à l’enfant. Son père court les femmes et ne prête pas vraiment attention à sa fille. Le long des routes, Édith se met à chanter, et la petite interpelle par sa voix : elle a un don ! Son père la fait chantera près ses tours d’acrobatie : à seulement sept ans, la petite Édith est déjà affublée du nom de « phénomène vocal ».

De la cloche au music-hall

À quinze ans, Édith s’émancipe de son père. Elle traîne les rues et chante sous les fenêtres où on lui jette parfois un sou. En 1935, alors qu’elle chante au coin d’une rue, Louis Leplée, gérant du cabaret Le Gerny’s, l’embauche. Il devient un mentor et un père pour elle. Louis lui trouve le nom de « la Môme Piaf », car Édith ne mesure
qu’1,47 mètres. Elle enregistre son premier album Les Mômes de la cloche et figure même dans quelques films. Le 6 avril 1936, Leplée est retrouvé mort dans son lit, assassiné. Piaf qui connaît beaucoup de brigands de Pigalle est auditionnée et sa carrière semble compromise. Fort heureusement pour elle, on lui ouvre les portes de la radio avec Radio-Cité où elle chante de nombreuses œuvres et enregistre de nouveaux albums. Mais ce qu’Édith veut, c’est entrer au music-hall. Grâce à ses nouveaux amis de la radio, Édith décroche en 1937 un emploi à l’ABC, le plus connu des music-halls. Elle chante Mon Légionnaire, son plus grand succès. Exit la môme Piaf, maintenant, elle sera Édith Piaf.

L’après-guerre et l’amour

Pendant la guerre, Édith loge dans un bordel connu pour être fréquenté par des officiers allemands. Cependant, elle est blanchie à la Libération. En 1947, elle embarque pour une tournée américaine où elle chante La Vie en rose en anglais. Elle traîne avec d’autres stars naissantes : Yves Montand et Charles Aznavour. En 1946, Édith Piaf rencontre le grand amour de sa vie, le champion du monde de boxe Marcel Cerdan. Pour lui, elle écrit l’Hymne à l’amour.
Un jour, elle supplie Marcel de la rejoindre au plus vite. Marcel veut prendre un bateau, mais Édith lui demande de prendre un avion pour qu’il arrive rapidement. Le 28 octobre 1949, elle apprend le crash de l’avion dans lequel se trouve Marcel : Édith est dévastée. Elle sombre dans l’alcool et la drogue par culpabilité. Après 1951 et malgré son addiction à la morphine, Édith devient une star internationale et enchaîne les tournées aux États-Unis. Elle s’éprend d’un jeune artiste nommé Georges Moustaki, mais leur relation ne dure pas longtemps. Après l’opération d’un ulcère et d’une hémorragie digestive, Édith est mal en point. Mais que peut la maladie face à l’amour ? Épuisée, malade, Édith tombe amoureuse d’un jeune chanteur, Théo Sarapo, qu’elle épouse le 9 octobre 1962. Le 10 octobre 1963, Édith Piaf succombe à une rupture d’anévrisme. Avant son dernier souffle, elle aurait prononcé ces mots : « Chaque putain de chose que l’on fait dans cette vie, on doit le payer ». Qui aurait pu croire qu’une si petite et si chétive femme puisse avoir une telle voix et vivre une telle vie ? La môme Piaf, ce sont des dizaines de classiques, plus de 30 albums et une dizaine de films. Aujourd’hui encore, ses chansons résonnent à la radio, dans les films, les publicités et sont reprises par de grands artistes comme Lady Gaga. Intemporelle, l’œuvre d’Édith Piaf n’a pas fini de nous faire voir la vie en rose.