Les essais dits « à la Charte » de Louis-Philippe Ier

La(les) Charte(s)

Le royaume de France est doté d’une « constitution » à la chute de Napoléon 1er, en 1814. Le mot « constitution » ne plaisant pas à Louis XVIII, celui-ci préfère, pour ce texte juridique, le terme très médiéval de « charte » et affirme ainsi une sorte de continuité monarchique. Cette Charte initiale, bien qu’elle reconnaisse les libertés fondamentales (égalité juridique, droit à la propriété), est un texte qui affirme le retour à une monarchie autoritaire (suffrage censitaire ; le roi a l’initiative des lois et peut dissoudre la Chambre des députés…).

Malgré son caractère plus que conservateur, la Charte est une avancée vis-à-vis d’une monarchie absolue, car elle permet le développement du parlementarisme et le blocage d’un éventuel retour à l’Ancien Régime. La Charte sera ainsi l’un des paravents contre l’autoritarisme du roi Charles X, dont la politique peu habile contribuera grandement à sa chute en 1830. Louis-Philippe arrivant au pouvoir, il déclare que la Charte sera désormais « une vérité » ; il prend soin de ne pas froisser la population en expliquant qu’il appliquera l’ensemble des lois incluses dans la Charte, car il sait que la population est très hostile à la monarchie même parlementaire.

La nouvelle Charte offre des changements importants : le drapeau tricolore est rétabli ; les Chambres sont désormais à l’initiative des lois et les ordonnances royales sont limitées à l’exécution de ces lois ; le cens n’est plus fixé, ce qui permettrait d’augmenter le nombre d’électeurs. Bref, cette Charte est un compromis entre les républicains et les monarchistes, entre les partisans démocrates et les libéraux.

Les monnaies dites « à la Charte »

Tous les essais de centimes sont de même type. À l’avers, nous trouvons la tête laurée du roi Louis-Philippe à gauche, accompagnée de la légende « Louis Philippe I roi des Français », ainsi que le millésime « 1847 » encadré par deux points.

Au revers, la Charte de 1830 est représentée sur une table de marbre ; une couronne surmonte ces tables de lois, tandis que deux sceptres croisés se trouvent au-dessous de cette table (la main de justice, ainsi que le sceptre de cérémonie) ; la valeur faciale est disposée à gauche et à droite de la Charte. En bas, au centre, dépassant légèrement sur la Charte, figure un coq aux ailes déployées, dont une des pattes est placée sur un globe ; le coq est entouré d’une couronne de laurier. Ces monnaies sont l’œuvre de Jean-Jacques Barre.

Les monnaies de bronze existent en deux séries : une lourde (valeur faciale en chiffres) et une légère (valeur en lettres) ; entre les deux projets, une réduction de métal de l’ordre de 20 à 40 % selon la valeur faciale.

Les 1 centime ont un diamètre de 15 ou 16 mm. Le poids précis des monnaies de « UN CME », par manque d’exemplaires proposés, n’est pas fixable ; les « 1 C. » relevés ont un poids proche des 1,40 g.

Les 2 centimes ont, quelle que soit la série, un diamètre de 20 mm. Les « DEUX CENTES » ont un poids proche de 1,63 g, tandis que les 

« 2 C. » ont un poids compris entre 2,73 et 2,96 g.

Les 5 centimes ont, selon la série, un diamètre de 25 ou 28 mm. Le poids précis des monnaies de « CINQ CENTES », par manque d’exemplaires proposés, n’est pas fiable ; par contre, les « 5 C. » relevés ont un poids proche des 7,25 g.

Les 10 centimes ont, selon la série, un diamètre de 30 ou 32 mm. Les « UN DME » ont un poids compris entre 8,98 et 9,64 g, tandis que les « 10 C. » ont un poids compris entre 14,72 et 15,23 g. Il existerait un piéfort en argent.

Les 5 francs sont différentes des monnaies de bronze. Les deux types sont quasiment semblables. À l’avers, nous trouvons la tête nue du roi à droite avec, sur la tranche du cou, la signature « N.P. TIOLIER ». Au revers, figure un écu couronné contenant les tables de la Charte (sur le premier type, il y a une mention de la Charte et quelques lignes d’articles, tandis que, sur le deuxième type, il n’y a que la mention « Charte de 1830 ») placées sur fond azur. Derrière l’écu, on distingue un sceptre se terminant par un globe crucigère, ainsi qu’une main de justice et six drapeaux disposés par groupe de trois de chaque côté de l’écu, accompagnés de la légende circulaire « TITRE 900 MIL. POIDS 25 GRAM. » et des mentions « 5 F » et « ESSAI » en exergue (lettre d’atelier A, à droite, et une ancre de marine, à gauche). Notons également l’absence de date.

Ces monnaies, bien que n’ayant pas été suivies d’une frappe courante, sont intéressantes, car elles représentent un événement historique : la volonté du roi de limiter ses pouvoirs par l’adoption de règles « gravées dans le bronze » et de le rappeler, alors que le régime est plus autoritaire et en fin de vie. Toutes les monnaies sont accessibles financièrement, excepté les 5 francs.