Le médailleur Charles Pillet

Éléments biographiques

Charles Pillet naît en 1869, à Paris. Son père est un artisan restaurateur de statues et sa mère est institutrice. Il grandit au sein du quartier de Montparnasse, dans une atmosphère propice à un épanouissement artistique.

En 1885, le jeune Charles entre à l’École des arts décoratifs, puis, en 1886, à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris où il rencontre son maître, le médailleur Henri Chapu, qui le prend sous son aile. Charles Pillet remporte le grand prix de Rome en gravure de médaille en 1890, mais il doit ensuite partir exécuter son service militaire. Congédié au bout de quelques mois, Charles Pillet part pour la Villa Médicis à Rome, en 1892.

De retour à Paris, l’artiste exécute de nombreuses médailles et essais monétaires ; il réalise aussi des bustes. On le décrit comme un travailleur acharné, toujours insatisfait, discret mais aussi colérique et insensible aux honneurs. Il est régulièrement récompensé pour la qualité de ses œuvres : médaille au Salon des artistes français en 1895, médaille d’argent de l’Exposition universelle en 1900, grand prix à Milan en 1906 et hors-concours (Saint-Louis en 1904, Londres en 1908, Bruxelles et Buenos Aires en 1910). En 1911, le graveur reçoit la Légion d’honneur.

À cause d’une infection qui le rend quasiment sourd, il est réformé et ne participe donc pas à la Première Guerre mondiale durant laquelle le régiment, dans lequel il devait être affecté, est décimé lors de la bataille de Verdun. Il réalise cependant des insignes militaires pour l’aviation et la marine, et des médailles commandées par l’État durant cette période éprouvante peu propice à la création artistique.

Au retour de la paix, l’artiste ne sait plus où donner de la tête entre les nombreuses commandes d’État et les commandes privées. Encore au travail à un âge très avancé, il réalise à 83 ans la médaille de l’auteur-compositeur Francis Salabert. À plus de 90 ans, en 1960, Charles Philippe Germain Aristide Pillet s’éteint, entouré des siens.

Ses œuvres

Outre les nombreuses médailles aux thématiques diverses (Première Guerre mondiale, portrait de personnages politiques ou de personnalités françaises ou étrangères, allégories variées…) réalisées par Pillet, ce dernier crée quelques monnaies françaises, mais aussi étrangères.

En 1913, à la suite du concours pour le remplacement des centimes en bronze et de la monnaie de 25 centimes jugée trop similaire aux pièces de 1 franc, une des œuvres de Pillet est choisie pour être présente sur les « monnaies trouées » (le médailleur avait fait trois propositions comme le permettait le règlement). Mais un événement bouleverse le résultat : un fonctionnaire du ministère des Finances, ainsi que des journalistes venus recueillir les premiers mots du gagnant sont brutalement rembarrés par Pillet ; celui-ci estime qu’ils gênent son travail en cours. À la suite d’un changement de gouvernement quelques jours après cet incident, la proposition de Lindauer remplace celle de Pillet.

Charles Pillet concourt aussi à l’étranger, obtenant divers résultats. Ainsi, ces propositions pour le Luxembourg ou la Roumanie restent au stade d’épreuves et d’essais. En revanche, en Grèce, ces études sont choisies pour devenir des monnaies de circulation courantes : les 5, 10 et 20 lepta « à trou » en nickel sont mises en circulation en 1912. Au Mexique, outre un essai de 50 centavos, Charles Pillet crée une superbe monnaie commémorative en argent pour célébrer le 100e anniversaire de l’appel à l’indépendance ; ce 1 peso est frappé entre 1910 et 1914.

Reconnu de son vivant pour son travail précis et sensible, son caractère impulsif et peu « communicant » l’a desservi. Il s’en est fallu de peu pour avoir des monnaies de circulation françaises signées Pillet. Collectionner les médailles de l’artiste est complexe par le nombre mais globalement accessible financièrement, tandis que la chose demeure plus difficile pour les monnaies, car il s’agit souvent d’épreuves ou d’essais.