La folie manga : du livre aux pièces de collection

Le manga : histoire d’un succès

La signification en français du mot manga se traduit par « image dérisoire » dans le sens de croquis. Ce style de dessin puise son origine dans l’art pictural japonais et ses célèbres artistes d’estampes du XIXe siècle, comme Hokusai et Hiroshige, eux-mêmes héritiers d’une tradition remontant au VIIIe siècle de notre ère. Avec la tendance du japonisme en Europe à la fin du XIXe siècle, le dessin japonais devient célèbre dans tout l’Occident. Il n’influence pas pour autant la bande dessinée qui émerge au début du XXe siècle. Le manga, en tant qu’œuvre graphique se rapprochant de la bande dessinée européenne, n’apparaît qu’au XXe siècle dans l’immédiate après-guerre. Le Japon est alors sous occupation américaine et est énormément influencé par la culture yankee. Les films d’animation de Walt Disney et les comic strips publiés par des grands titres nippons inspirent toute une génération de dessinateurs. L’un d’entre eux, Osamu Tezuka, innove en introduisant dans la bande dessinée toute une technique se fondant sur le réalisme du trait, les onomatopées, les effets suggérant le déplacement et le cadrage des scènes. Il est à l’origine de la première série d’animation japonaise en 1963, que l’on connaît en France sous le nom d’Astro le petit robot.

Depuis les œuvres de Tezuka, le manga investit tous les genres et touche tous les publics. Parmi les nombreux genres, on peut citer le yonkoma, un type de manga court s’apparentant au comic strip, ou encore le mecha, qui désigne les récits de science-fiction avec des robots humanoïdes. Si le manga se destine à tous les publics, il vise principalement les jeunes publics âgés de 6 à 25 ans. Le shōnen cible les adolescents masculins et domine le marché. Le shōjo s’adresse aux jeunes filles, tandis que le kodomo est orienté vers les enfants. 

Depuis une trentaine d’années, le manga est un phénomène culturel dépassant largement les frontières de l’archipel nippon. L’aspect sériel des récits, les codes visuels du dessin en noir et blanc et son format souple font du manga un support pratique, très agréable à lire et adapté aux plus jeunes.

Le manga a dépassé de longue date le format papier pour se décliner sous forme de séries animées, qui ont largement contribué à son expansion hors du Japon. Les films et les jeux vidéo ont suivi, et plus récemment les webtoons, des bandes dessinées verticales adaptées à une lecture sur smartphone, qui connaissent aujourd’hui un bel engouement chez les adolescents.

Un secteur lucratif en France

Les Français se sont initiés au manga à travers les séries animées diffusées à la télévision dès la fin des années 1970, puis par les jeux vidéo des firmes Nintendo et Sega dans la décennie suivante. Leur enthousiasme pour le support papier est plus tardif et émerge au début des années 2000. Depuis, le succès du manga ne s’est jamais démenti dans l’Hexagone, jusqu’à devenir une locomotive du marché français de la bande dessinée. La France est aujourd’hui le deuxième marché mondial pour la vente de mangas juste derrière le Japon !

Avec les confinements successifs liés au covid et le pass Culture instauré en 2019 pour les 15-18 ans, les ventes de mangas avaient quasiment doublé en 2021 pour stagner en 2022 avec 4 millions d’exemplaires vendus, ce qui représentait tout de même la moitié des ventes du secteur BD ! Elles ont néanmoins ralenti en 2023 avec un recul des ventes de 18 %, peut-être en raison de l’inflation causant l’augmentation du prix moyen des mangas autour de 8 €. Cette baisse touche essentiellement les best-sellers du moment comme Jujutsu Kaisen et Tokyo Revengers.

Par ailleurs, l’intérêt du monde numismatique pour le manga est tout récent et reflète la popularité grandissante de ce genre de bande dessinée à travers le monde. En 2023, la France émet une collection entière sur Naruto, un best-seller du genre, et deux nouvelles séries en 2024, sur Hello Kitty et One Piece. Le Quai de Conti rajeunit ainsi son image, tout en attirant les investisseurs vers un thème inédit, et cible un jeune public peu sensibilisé à la valeur et à la beauté des monnaies de collection.

Hello Kitty, une icône mondiale

Bien que ce personnage ne soit pas issu du manga, Hello Kitty a eu droit à ses déclinaisons en bande dessinée. La petite chatte si reconnaissable à son ruban rouge est née en 1974 du crayon de la styliste japonaise Yuko Shimizu, pour la société de papeterie et de fournitures Sanrio. Hello Kitty fait sa première apparition sur des porte-monnaies en vinyle l’année suivante. L’arrivée des produits Hello Kitty coïncide avec l’émergence de la culture du kawaii (qui signifie « mignon ») au Japon et connaît un beau succès. Au fil du temps, Hello Kitty conquiert le monde jusqu’à devenir, à la fin des années 1990, une figure incontournable de la pop culture. La Monnaie de Paris a souhaité rendre hommage à Hello Kitty pour son 50e anniversaire avec des monnaies de collection en argent BE colorisées et en or BE, qui seront commercialisées fin avril.

Le phénomène One Piece

One Piece est aujourd’hui le manga le plus vendu au monde : depuis la prépublication du premier volume en juillet 1997, 107 tomes ont été publiés et se sont écoulés à 523 millions d’exemplaires dans 61 pays à travers le monde. Des chiffres vertigineux homologués par le Livre Guinness des records ! L’histoire imaginée par Eiichirō Oda se déroule dans un monde océanique dominé par la piraterie. La saga débute en suivant les péripéties de Luffy, un adolescent ambitieux en quête du trésor nommé « One Piece » qui lui permettra de devenir roi des pirates. Au fur et à mesure des tomes, Oda étoffe son monde où il noue et dénoue les intrigues autour de personnages hauts en couleur. Pour célébrer le 25e anniversaire de la diffusion du premier épisode du dessin animé tiré de One Piece au Japon, le Quai de Conti émet en exclusivité une série composée de deux pièces de collection : une 50 € or BE tirée à 500 exemplaires et une 10 € argent BE à 5 000 exemplaires représentant le navire de l’équipage de Luffy, le Thousand Sunny. Un set de 13 mini-médailles en métal jaune et blanc sur les personnages de l’univers de One Piece, commercialisé dans des pochettes-surprises, complète cette collection et devrait susciter l’intérêt des fans de manga.