Jules Florange, marchand et collectionneur

Parcours d’un homme de Lettres

Jules Florange est né en 1863 à Sierck, en Moselle, ville connue pour son château érigé par les ducs de Lorraine (encore visible et visitable aujourd’hui).

Il étudia d’abord dans sa ville de naissance puis partit pour La Malgrange, à côté de Nancy, et termina sa scolarité au lycée de Metz.

Il se lança ensuite dans le négoce de monnaies, où il acquit une belle renommée en fondant la Maison Florange en 1890 (la maison existe toujours, bien qu’elle ait changé de « mains ») ; des amateurs ou des spécialistes venaient non seulement acheter ou vendre mais également le consulter sur diverses monnaies françaises ou étrangères, modernes ou anciennes, ainsi que sur les jetons qui étaient souvent délaissés par les numismates.

Curieux, il chercha à amasser tous les documents qui avaient un lien avec la numismatique, en dehors de la monnaie et qui permettaient un regard nouveau sur l’histoire de France. Lorrain de souche et de cœur, il collectionna, pendant de nombreuses années, tout ce qu’il put acquérir sur la Lorraine et sur sa ville natale. Reconnu également en sa qualité de bibliophile, il accueillait volontiers les amateurs à la recherche de documents lorrains rares, dans sa villa Saint-Laurent : le député et académicien Maurice Barrès s’y rendit plusieurs fois pour consulter son imposante bibliothèque.

Grand lettré et infatigable chercheur, il écrivit une trentaine d’ouvrages et de communications en lien avec la numismatique ou avec l’histoire lorraine. Il fut membre des Sociétés archéologiques de Nancy et de Metz, de la Société des Arts et Belles-lettres de Bar-le-Duc et de l’Institut grand-ducal du Luxembourg voisin.

Peu après sa mort en 1937, sa collection numismatique et sa collection d’ouvrages furent dispersées non sans que le défunt eût prévu de donner tous les livres et documents concernant Sierck à sa ville natale.

La collection

La « collection de Feu M. Jules Florange de Sierck » a été dispersée les 13, 14 et 15 décembre 1937, à l’Hôtel Drouot, à Paris. L’expertise a été réalisée par le grand numismate Louis Ciani.

Cet ensemble impressionnant de 672 lots était composé majoritairement de monnaies, de médailles et jetons, d’ouvrages numismatiques et de quelques médailliers ou vitrines. Ce catalogue est toujours un incontournable de la numismatique lorraine et figure dans les bibliographies traitant de cette numismatique locale.

Toute la collection tourne autour de la Lorraine. Toutes les entités territoriales (comté/duché de Bar, duché de Lorraine, évêché de Metz…) sont représentées ainsi que des villes lorraines ayant frappé des monnaies sous autorité étrangère, des personnages princiers ou importants de la Lorraine et des monnaies royales frappées à Metz (lettres AA).

Il est à signaler que Jules Florange avait lui-même attribué un ordre et un classement à sa collection et en avait rédigé le catalogue, qui a servi de base à la vente de 1937.

Parmi ses fleurons, un grand écu ou thaler d’argent du duc Antoine, un quart de thaler de la ville de Metz, une demi-pistole or du duc Charles III, de rarissimes monnaies frappées à Gorze sous Charles de Lorraine, abbé de
la cité… Les plus rares sont illustrées sur les 12 planches du catalogue.

Une monnaie ou jeton avec le pedigree Florange est toujours signalé dans une vente tant cette collection fut importante. La majorité se rencontre encore avec le descriptif, écrit de la main même du collectionneur.

Reconstituer à l’identique la collection Florange est bien évidemment impossible car de nombreuses monnaies ont intégré des collections prestigieuses et ne seront plus en vente pendant de nombreuses années. Les plus rares ont de toute façon atteint des sommes prohibitives dépassant les milliers d’euros. Mais il reste toutes les monnaies plus communes ainsi que les jetons, qui sont de temps à autre proposés dans les boutiques des numismates ou dans leur catalogue de vente et qui seront très certainement du plus bel effet dans votre collection.