90 ans des DC Comics

Tout commence en 1934 lorsqu’un vétéran de l’armée américaine et auteur de pulps du nom de Malcolm Wheeler-Nicholson décide de créer sa société d’édition, la National Allied Publications. Les pulps sont de petits journaux dans lesquels sont publiées des histoires courtes sous forme de bandes dessinées. En 1935, le premier comic book de la NAP sort sous le nom de New Fun. Son point fort est que toutes ses histoires sont inédites ; elles sont alors plutôt portées sur des aventures policières. En 1937, l’entreprise est endettée et Malcolm fait entrer au capital deux autres éditeurs du milieu : Harry Donenfeld et Jack Liebowitz. La NAP prend le nom de Detective Comics, « DC ».

Des héros d’un nouveau genre : les super-héros

1938 marque le succès de DC avec la parution d’un nouveau comic book du nom d’Action Comics dans lequel figure un héros d’un nouveau genre, un « super » héros du nom de Superman. C’est un énorme succès ! Les normes viennent d’être posées : le super-héros doit avoir un costume, son identité doit être secrète, il doit combattre l’injustice et surtout, un ennemi juré l’affronte sans relâche – pour Superman ce sera Lex Luthor. Sur les 200 000 tirages du premier numéro, seule une centaine subsiste encore aujourd’hui ! En 1939, dans le 27^e numéro, apparaît pour la première fois Batman, un super-héros sombre et torturé par son passé, qui doit affronter un ennemi fou à lier, le Joker. Sans le savoir, DC Comics tient la clef du succès : les méchants sont aussi intéressants que les super-héros et le public s’intéresse tout autant à leur histoire. Le panel de super-héros s’étoffe en même temps que la DC recrute des dessinateurs et scénaristes. Ainsi, Green Lantern, Flash et d’autres voient le jour. En 1941, il est décidé de faire de Wonder Woman la première vraie super-héroïne et un comic book à son nom est créé en 1942. Les créateurs souhaitent féminiser ce milieu très masculin et offrir aux lecteurs une héroïne inspirée de l’Antiquité, aussi puissante que ses compères mais également belle et douce. Le succès est au rendez-vous et elle entre dans le triptyque gagnant avec Superman et Batman. Simultanément, la DC attaque pour plagiat d’autres éditeurs, Fox Comics pour son « Wonder Man » et Fawcett Comics, qui publie les aventures de Captain Marvel. À cette époque, DC Comics est la maison d’édition la plus populaire aux États-Unis. Après la guerre, le monde des comics souffre d’un manque d’attrait du public, qui s’intéresse à d’autres publications plus matures : il faut dire que les adolescents des années 1930 sont désormais des adultes en 1950. De nombreux éditeurs ferment et DC, qui continue de bien vendre ses trois héros, rachète d’autres maisons en difficulté.

Difficultés, concurrence et renouveau

Avec la guerre froide, DC Comics va devoir faire face à une attention particulière de l’État sur ce que lit la jeunesse, et cela, à partir de 1954. En effet, les comics sont accusés de rendre les jeunes violents, homosexuels et surtout, communistes – et dans les années 50-60, c’est un problème
sérieux aux États-Unis. L’État met en place un bureau chargé de surveiller et de censurer les comics, la « Comics Code Authority » : seuls les comics avec le logo de la CCA sont autorisés à être publiés. Cette période qui succède à un véritable âge d’or est surnommée « âge d’argent ». Pour pallier la baisse des ventes, DC met en place en 1960 une équipe de super-héros qu’elle nomme la « Justice League of America » ; celle-ci a pour but de sauver les États-Unis des périls venus d’ailleurs… En 1962, DC est dépassée par un concurrent jusqu’alors en difficulté. La maison d’édition Marvel, fondée en 1938, décide, pour prendre la première place, de recruter Stan Lee, un scénariste de talent, afin de créer des super-héros qui peuvent intéresser la jeunesse. Naissent ainsi les 4 Fantastiques, Spiderman, Hulk, Thor, Iron Man et Daredevil. Face à tant de sang neuf, DC perd de la vitesse et Marvel devient numéro un des ventes. Jusqu’aux années 80, DC est dépassée par Marvel ; ce ne sont que Marvin Infantino, le nouveau directeur, qui laisse plus de libertés aux scénaristes, et les adaptations de Superman au cinéma et de Batman à la télévision qui permettent de vendre des comics et par conséquent de sauver in extremis le navire. En 1984, DC recrute Alan Moore, qui travaille sur un personnage du nom de Swamp Thing. Bien plus sombre que ce qu’a fait DC jusqu’alors, c’est un succès… il faut dire que le Comics Code n’y a pas été respecté. Dès lors, la décision est prise de tout reprendre à zéro et d’y mettre la touche d’Alan Moore. Les histoires ne sont plus vraiment destinées aux enfants ni aux adolescents. Pour donner un exemple, Batman est désormais quasiment un antihéros, toujours sur le fil entre le bien et le mal, son univers est sombre et la couleur presque inexistante. Ces comics sont condensés dans une collection nommée « Vertigo » et, au total, 59 numéros sont publiés de 1994 à 2000.

Depuis 1990, DC s’est orientée sérieusement vers les dessins animés et les films. En 1992, le dessin animé Batman, pourtant très noir, bat des records et marque une génération entière d’enfants. En même temps, Tim Burton réalise sa version de Batman au cinéma.

En 2008, pour contrer la sortie de l’Iron Man de Marvel, DC sort par le biais du réalisateur Christopher Nolan The Dark Knight, une version plus moderne de Batman. D’autres films suivent avec comme héros Superman mais le public n’est pas satisfait. Depuis, des dizaines de films et séries ont été tournées, c’est le DC Extended Univers (DCEU). Face aux succès des films de la firme Marvel, plus légers et colorés, l’équipe DC a décidé dès 2016 d’apporter une touche plus légère à ses films, jusqu’alors très sombres. Mais les fans n’ont pas du tout apprécié cette décision puisque c’est l’essence même de DC qui a été modifiée. Depuis les années 2000, de très nombreux films ont été réalisés et par DC et par Marvel. Depuis peu, cette manne financière semble s’essouffler et les films ne rapportent plus autant qu’avant, preuve peut-être que les fans souhaitent autre chose qu’être considérés comme de simples consommateurs.

90 ans après sa fondation, DC Comics est une machine à dollars. Une soixantaine de films et une trentaine de séries télévisés existent sous cette franchise, tous héros confondus. En 90 ans, ce sont des centaines de millions de comics qui ont été vendus. Plus qu’une mode, les héros de DC sont devenus des icônes de la pop culture exportées dans le monde entier au point même que Wonder Woman est devenue une icône, certes fictive, mais notable du féminisme.

Une collection française

La Monnaie de Paris met à l’honneur les personnages emblématiques de l’univers DC Comics sur une séries de monnaies. De Batman le Chevalier Noir, à Superman l’Homme d’Acier, en passant par Wonder Woman la Guerrière Amazone, Catwoman et les méchants mythiques tels que le Joker ou Harley Quinn, ils sont tous représentés. Cette collection exceptionnelle de monnaies en Or et Argent est inspirée des BD et met en scène les super-héros et super-vilains de DC Comics. Chaque pièce capture l’essence et le super pouvoir de ces personnages emblématiques grâce à des gravures détaillées et des couleurs intenses. Ces monnaies sortiront en 2 vagues distinctes, comprenant un assortiment très varié de monnaies en or et en argent, dont certaines sont colorisées, comme la 100 € Argent qui le sera pour la toute première fois.