Le sculpteur et médailleur Antoine Desboeufs

Éléments biographiques

Peu d’informations sur la vie de l’artiste français sont parvenues jusqu’à nous, surtout en ce qui concerne sa vie familiale. La majorité des éléments connus est issue des recherches de Jean-Marie Darnis, archiviste de la Monnaie de Paris.

Né le 13 octobre 1793, Antoine Desboeufs est très tôt attiré par la gravure. Le 26 novembre 1813, il entre à l’École des beaux-arts, où il étudie la gravure en médailles. Le jeune Antoine apprend son métier auprès de deux maîtres : Pierre Cartellier pour le modelé et Jeuffroy pour la gravure. Il travaille assidûment le dessin, l’art du modelé et la gravure des pierres et des métaux.

Toujours en 1813, alors âgé de 20 ans, il prépare le concours de Rome de gravure en médailles, ayant pour thème « Thésée relève la pierre sous laquelle son père avait caché ses armes ». Le jury lui décerne une médaille d’encouragement.

L’année suivante, le jeune artiste remporte le premier grand prix de gravure sur pierres fines, ainsi que le droit de séjourner, à Rome, à la villa Médicis. Ce séjour dure quatre années, durant lesquelles Antoine contemple les statues antiques et étudie l’art de la Renaissance.

En 1818, le graveur reçoit ses premières commandes officielles avec une série de médailles anglaises, qui l’occupera pendant trois ans. Il travaille ensuite sur des commandes de camées, de médailles françaises, mais aussi des sculptures qui l’accapareront grandement à partir de 1830. Il reçoit également la charge d’œuvrer à la restauration des coins et des poinçons de la collection du Musée monétaire. Outre les nombreuses médailles et prix obtenus dans les salons auxquels l’artiste a participé jusqu’en 1866, il est élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur en mai 1851.

Antoine Desboeufs meurt le 12 juillet 1862 dans sa propriété de Passy ; il est inhumé deux jours plus tard dans un tombeau de marbre blanc, sur lequel figure un médaillon sculpté par Marguerite-Fanny Dubois-Davesnes.

Ses œuvres monétaires

Aucune monnaie française ou étrangère signée Desboeufs n’a été mise en circulation. L’artiste a cependant réalisé quelques travaux monétaires sous forme d’épreuves et d’essais en étain.

Antoine Desboeufs participe au concours monétaire de 1824, sous le règne de Charles X : il propose alors un portrait du roi pour la nouvelle pièce de 5 francs argent et celle de 40 francs or. Son travail est salué par une mention. Lors du concours de 1830-1831, sous le règne de Philippe I^er, organisé pour déterminer les nouvelles monnaies de 5 francs argent et de 100 francs or, Desboeufs propose une effigie et un revers uniquement pour la 5 francs. Son travail est de nouveau reconnu par une mention honorable.

À l’instauration de la nouvelle République, en 1848, Desboeufs est de nouveau un candidat malheureux au concours. Il y soumet une
10 centimes, une 5 francs et une 20 francs, dont nous détenons précisément les frappes d’essais effectuées : cinq exemplaires en or de la 20 francs, 10 exemplaires en argent et cinq exemplaires en étain de la 5 francs, ainsi que 10 exemplaires en cuivre et cinq exemplaires en étain de la 10 centimes.

Les médailles d’un artiste méconnu

Outre la série de médailles anglaises réalisée de 1818 à 1821, dans laquelle figurent une médaille de Shakespeare et une autre du sacre de Georges IV, Desboeufs a aussi réalisé de prestigieuses commandes, comme la médaille de la naissance du duc de Bordeaux (petit-fils de Charles X et prétendant au trône de France sous le nom de Henri V) ou encore celle au portrait du maréchal Berthier. Il participe également à la création de deux médailles pour la série de la « Galerie métallique des grands hommes français ».

Si aucun auteur ou contemporain n’a remis en cause les qualités de médailleur Antoine Desboeufs, son style est décrit comme conformiste, un peu froid et trop solennel, beaucoup moins marquant que ses sculptures décrites comme pleines de vérité et réalisées avec le plus grand soin.

Collectionner les œuvres métalliques de Desboeufs n’est pas chose aisée. En effet, l’artiste ayant régulièrement mis de côté la gravure au profit de la sculpture, les médailles signées de sa main sont peu nombreuses. Pour les monnaies, l’étain étant une matière fragile, trouver un exemplaire de belle qualité est complexe. Bref, il vous faudra du temps et de la patience pour monter une collection de cet artiste.