Le concours de la 10 francs 1974

Le concours
En janvier 1974, Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre de l’Économie et des Finances, lance un concours pour la nouvelle pièce de 10 francs (avec la possibilité de l’adapter à d’autres valeurs selon le règlement) devant remplacer la 10 francs Hercule en argent que la brutale montée des cours de l’argent a rendue trop chère à frapper.
Ce concours était plus ouvert que les précédents car il acceptait des propositions de dessins et non de plâtre comme habituellement. Le choix des motifs et symboles était libre tant qu’ils ne ressemblaient pas à ceux des monnaies déjà en circulation. Parmi les obligations inscrites dans le règlement figuraient : la valeur de la pièce en chiffre devait être très apparente ; le mot franc pouvait apparaître en toutes lettres ou sous la forme de l’abréviation « F » ; l’avers et le revers devaient avoir un listel semblable d’au minimum 0,7 mm de largeur ; les différences trop importantes de volumes entre les faces et les reliefs à proximité du listel étaient proscrites ; il fallait tenir compte de l’inscription « Liberté, Égalité, Fraternité » marquée sur la tranche. 
Les dessins des 2 faces de 10 cm de diamètre maximum devaient être déposés au plus tard le 16 avril 1974 à 18 h à l’Administration des Monnaies et Médailles, quai de Conti, à l’attention de M. Tauriac. Le ministre de l’Économie et des Finances devait trancher entre les différents projets : le gagnant allait empocher la somme de 25 000 francs tandis qu’une seconde somme de 25 000 francs allait être répartie entre les auteurs des projets les plus marquants.
Un total de 342 projets a été remis par 177 artistes différents. Six projets furent sélectionnés : cinq seconds prix furent déclarés
ex aequo (Albert Decaris ; Raymond Gid ; Guy Joly ; Pierre Nicouleau et Michel Durand-Mégret) et le premier prix fut décerné à
Georges Mathieu.

La gagnante
Le projet vainqueur fut celui du peintre Georges Mathieu (1921-2012). L’artiste a proposé, au revers, une carte de France avec
Paris rayonnant sur tout le territoire ; au centre, les lettres « RF » en majuscules entrelacées (la signature du peintre apparaît sous la forme « Mathieu » face à l’Aquitaine). Le revers est décrit par le peintre lui-même comme étant « des formes évocatrices », sous-entendu représentatives du pays. Ainsi, on y trouve des représentations stylisées d’une France industrielle avec des grues, des pylônes et des bâtiments de type usine correspondant à l’idée de cette nouvelle France d’après-guerre tournée vers le progrès ; la valeur faciale (comme demandé dans le règlement) est très lisible, en toutes lettres pour le mot « FRANCS » sur un bandeau situé quasiment à mi-hauteur.
Cette monnaie va connaître une longue carrière de 17 ans (démonétisation le 31 octobre 1991) et être frappée à plus de 670 millions d’exemplaires entre 1974 et 1987. À noter qu’en 1986, la 10 francs Mathieu n’a pas été frappée car elle devait être remplacée ; l’échec de ce remplacement explique le retour d’une frappe en 1987. Exceptées les années 1981 (50 000 exemplaires), 1982 (environ 73 000) et 1983 (un peu plus de 100 000 frappes), il n’existe pas d’années rares.
Très courante et encore très présente dans les esprits de ceux qui l’ont connue, la 10 francs Mathieu a su parfaitement succéder à la 10 francs Hercule et symboliser le renouveau industriel et technologique de la France.

UNE COLLECTION COMPLÈTE
Si on ajoute à la série classique, les essais de frappe, les essais de prestige en métaux nobles (une dizaine d’exemplaires frappée en or 916/1000e pour un poids de 20,6 g), on arrive à une collection complexe à réaliser.
Pour les plus téméraires, la série des 10 francs Mathieu peut être complétée par les piéforts frappés dès 1974 : en métal courant de 1974 à 1985, sans interruption (poids de 20 g) ; en argent 925/1000e de 1974 à 1985 et en 1987 (poids de 22,8 g) ; en or 920/1000e de 1974 à 1985 et en 1987 (poids de 38,9 g) ; en platine pur de 1981 à 1985 et en 1987 (poids de 46,9 g). Certains exemplaires sont naturellement extrêmement rares et coûteux !