Robert Badinter dorée

Robert Badinter dorée

Robert Badinter (1930-2024)

1942 : Né dans une famille juive, Robert Badinter a 14 ans quand il perd sa grand-mère, son père et son oncle en déportation.

1981 : Ministre de la Justice sous François Mitterrand, il fait voter l’abolition de la peine de mort.

1986 :  François Mitterrand le nomme président du Conseil constitutionnel.

Robert Badinter est né le 30 mars 1928 à Paris, de parents juifs issus de la région alors roumaine de Bessarabie, dont ils ont fui les pogroms. Ils ont choisi la France pour son rayonnement en tant que patrie des droits de l’Homme suite à l’affaire Dreyfus où, malgré un antisémitisme virulent, d’éminents intellectuels ont pris position en faveur du capitaine fallacieusement accusé de trahison.

La Seconde Guerre mondiale éprouve durement sa famille : sa grand-mère, son père et son oncle sont arrêtés et meurent en déportation. Lui-même, sa mère et son frère survivent grâce à un nom d’emprunt et de faux papiers. Après la Libération, il reprend ses études et obtient une licence en lettres en 1947, une autre en droit en 1948. Il devient avocat en 1951 puis professeur de droit à partir des années 1960.

Il fonde en 1965 un cabinet avec Jean-Denis Bredin, où il s’impose parmi les meilleurs avocats de Paris, défendant le gotha des affaires tout en participant à de grands procès pénaux. L’événement clé qui changera à jamais son destin et l’amènera à marquer lui-même l’histoire de France de son empreinte, survient en 1972 : il ne parvient pas à sauver Roger Bontems, condamné à mort comme complice lors d’une prise d’otage mortelle à la prison de Clairvaux. Marqué par cette exécution d’un homme qui n’a pas tué, Robert Badinter fait de l’abolition de la peine capitale son combat fondateur, qu’il amplifie en 1977 lors du procès de Patrick Henry, meurtrier d’un garçon de 7 ans. Il sauve son client de la guillotine grâce à une plaidoirie marquante.

Proche du parti socialiste et de François Mitterrand, sa carrière politique prend de l’ampleur quand ce dernier est élu Président de la République en mai 1981. En effet, Robert Badinter est nommé ministre de la Justice et porte le projet de loi correspondant à l’une des promesses phares du candidat socialiste : l’abolition de la peine de mort. Le 17 septembre 1981, il défend son texte devant l’Assemblée nationale puis le lendemain, devant le Sénat. L’abolition est votée le 30 septembre et inscrite dans la loi le 9 octobre suivant.

Loin de se limiter à cette cause humaniste, Robert Badinter impulse aussi la dépénalisation de l’homosexualité, modernise la justice, supprime les juridictions d’exception et œuvre pour l’amélioration de la condition des détenus et leur réinsertion. Après avoir quitté le ministère en 1986, il préside le Conseil constitutionnel jusqu’en 1995, veillant à la protection de l’État de droit au sommet des institutions françaises. Sénateur des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011, il s’engage enfin sur la scène européenne, présidant la commission d’arbitrage pour la paix en Yougoslavie et jouant un rôle-clé dans l’élaboration de la Constitution roumaine.

Le saviez-vous ? : Lors de ses plaidoiries, et notamment pendant ses grands procès contre la peine de mort, Badinter refusait de lire ses notes, voulant que les jurés voient "un homme parler, pas un avocat", persuadé que ce qui comptait, c’était l’authenticité et la force de conviction. Cette attitude marqua les esprits et resta l'une de ses signatures oratoires « Cette justice d'élimination cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité ».