Simone Veil dorée
Rescapée de l’enfer d’Auschwitz, immense figure de la vie politique française, féministe et européenne convaincue, Simone Veil, qui a fait voter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse en 1974, est décédée le 30 juin 2017, à l’âge de 89 ans. Retour sur le parcours de celle qui restera un symbole de la lutte pour les droits des femmes.
Son combat au nom des femmes
Simone Veil, née Jacob, voit le jour à Nice le 13 juillet 1927. Arrêtée par la Gestapo en 1944, elle est déportée avec sa famille en camp d’extermination nazi. Elle et ses sœurs sont les seules survivantes. Après la Libération, elle entame des études de droit et entre dans la magistrature en tant que haut fonctionnaire jusqu’à sa nomination au poste de ministre de la Santé, en mai 1974, dans le gouvernement de Jacques Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing.
À peine nommée, elle est chargée de préparer un nouveau projet de loi sur l’avortement. Le 26 novembre 1974, elle présente le projet devant l’Assemblée. Commencent alors trois jours de débats houleux. Face à 490 députés dont neuf femmes, Simone Veil monte à la tribune et déclare : "Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame." Elle est la cible de toutes les attaques, violentes, venant même de son propre camp. À l’extérieur, des militants du mouvement “ Laissez-les vivre ” s’indignent et tempêtent.
Le projet de loi est finalement voté par 284 voix pour et 189 contre, en première lecture. La "loi Veil", qui dépénalise le recours par une femme à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), est promulguée le 17 janvier 1975.
Présidente du Parlement européen
Européenne de cœur, Simone Veil devient en 1979 la première femme présidente du Parlement européen. En 1993, elle est nommée ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement d’Édouard Balladur. Elle siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007 avant de se retirer progressivement de la vie politique.
En 2010, Simone Veil devient une "immortelle" et fait son entrée officielle sous la coupole de l’Académie française. Deux ans plus tard, elle reçoit les insignes de grand-croix de la Légion d’honneur.
Hommage de la nation
Le 30 juin 2017, elle s’éteint à son domicile parisien de la place Vauban, à quelques jours de son 90e anniversaire. Les hommages pleuvent pour saluer la mémoire de celle qui incarna la dignité, le courage et l’espoir. Simone Veil entre au Panthéon à Paris le 1er juillet 2018, ainsi que son époux Antoine Veil, décédé en 2013, sur proposition du Président Emmanuel Macron et avec l’accord de la famille. Elle repose désormais dans le temple républicain dédié aux grands hommes et femmes de la nation.
Souvenirs et anecdotes
En 2007, Simone Veil publie ses mémoires, Une vie, chez Stock. Le titre est emprunté à Guy de Maupassant, l’un de ses auteurs préférés. "Maupassant que j’aime, écrit-elle, ne m’en voudra pas d’avoir emprunté le titre d’un de ses plus jolis romans pour décrire un parcours qui ne doit rien à la fiction."
1974 : Simone Veil fait voter le loi sur l’avortement.
1979 : Simone Veil devient la première femme présidente du Parlement européen.
2010 : Simone Veil entre à l’Académie française.
2018 : Entrée de Simone Veil au Panthéon à Paris.
